Les jardins d'Hélène

Les évaporés - Thomas B. Reverdy

23 Août 2013, 06:18am

Publié par Laure

Au Japon, Kazehiro est licencié de la banque dans laquelle il travaille, alors qu'il n'a pas commis de faute. Il décide de disparaître sans rien dire à personne. Il devient « Kaze » en même temps qu 'il rejoint cette catégorie de personnes qu'au Japon on appelle « les évaporés ».

p. 110-111 : « Ce que nous appelons ici johatsu remonte à l'époque Edo. Les criminels ou les gens qui avaient une dette d'honneur allaient se purifier aux sources du mont Fuji. Il y a là des sources chaudes et des établissements de bains, ce sont des villes d'hôtels. Ils prenaient une auberge, ils entraient dans les bains de vapeur, et ils disparaissaient. C'est pour cela qu'on les appelle des évaporés. Peut-être certains se suicidaient en prenant le chemin de la forêt. Mais d'autres réapparaissaient, quelques années plus tard, ailleurs. »

Sa femme reste seule. De même sa fille Yukiko, partie vivre à San Francisco, s'inquiète de cette disparition. Elle invite son ex petit ami, Richard B., poète et détective privé, à partir au Japon avec elle pour retrouver son père.

Le lecteur suit le parcours et les pensées de quatre personnages : Richard B, Yukiko, Kaze, et Akainu, un jeune garçon que Kaze prend sous son aile, car ce dernier a perdu ses parents dans le tsunami et témoin d'un crime, il s'enfuit de peur qu'on ne l'en accuse.

Errance, quête (de soi, de la vérité, du disparu), ce roman décrit les mouvements furtifs des uns et des autres, qu'ils soient réels ou intérieurs. Drame du tsunami qui a engendré celui de Fukushima, misère et mafia, le Japon n'est pas toujours cet idyllique pays du zen.

J'ai eu du mal à comprendre où l'auteur voulait vraiment en venir, tout me semble abordé sans que le lien ne se fasse convenablement, parfois des pages de descriptions plus ou moins éthérées et ennuyeuses sont posées là, passée la moitié j'ai eu envie d'abandonner, l'ennui pointant trop son nez. Richard B. le paumé, Kaze qui cherche à dénouer la raison de son licenciement, Yukiko la déracinée qui n'est ni vraiment américaine et qui n'est plus considérée comme japonaise par les siens, Akainu qui représente le parcours des victimes et survivants du tsunami... Le passage qui m'a le plus intéressée est celui où Richard B. explique l'analphabétisme de l'étranger au Japon : une langue qu'il ne comprend pas et ne peut pas déchiffrer du fait des caractères non latins, sa difficulté à prendre des cours (la difficulté de la langue elle-même) et son sentiment de solitude et d'isolement extrême.

 

Un roman qui n'a pas réussi à me toucher, et qui m'a paru un peu creux une fois expliqué le phénomène pour nous inconnu des «évaporés ».

 

p. 25-26: « Yukiko était japonaise et jolie. Lorsqu'elle n'était pas serveuse, elle était comédienne, c e qui était une sorte d'hyperbole de la dèche, parce qu'il y avait encore plus de comédiennes que de serveuses en Californie. Mais elle portait ce destin avec une superbe admirable. Vous ne pouviez la manquer dans la rue. Elle avait quelque chose, une sorte de vibration, un sillage quand elle marchait : il semblait que l'air tremblait autour d'elle comme s'il n'osait pas la toucher. Les chances qu'ils se rencontrent étaient très minces, celles qu'elle accepte de coucher avec lui véritablement minuscules, ce qui fait qu'il avait vécu leur histoire comme un miracle permanent. »

 

Flammarion, août 2013, 304 pages, prix : 19 €

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Crédit photo couverture : © Sylvain Grandadam /Hoa-Qui et éd. Flammarion

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