Les jardins d'Hélène

Manuel de survie à l'usage des incapables - Thomas Gunzig

26 Août 2013, 08:07am

Publié par Laure

Le début du roman est aussi alléchant qu’intrigant. Le lecteur se trouve embarqué à bord d’un baleinier avec Wolf  pour la quête du St Graal : la pêche à la baleine, que personne jusqu’alors n’a réussi à capturer. Et que croyez-vous qu’il se passât ? Mais la baleine ne vaut rien, car elle possède un numéro de série posé par la marque Nike. Eh oui, tous, hommes comme animaux ont désormais un code génétique modifié placé sous copyright. Pour un début qui décoiffe, c’est plutôt réussi !

Mais c’est au supermarché que les aventures vont se dérouler, entre licenciement abusif, hold-up, vengeance, avec une brochette de personnages hors normes (Blanc, Brun, Gris, et Noir qui sont quatre jeunes loups au propre comme au figuré, auteurs d’un hold-up sanglant qui cherchent à venger ensuite le décès de leur mère)

Si la première moitié m’a séduite par son côté burlesque, étonnant et décalé, sa vision à peine anticipée de notre monde devenu fou, j’ai trouvé au bout d’un moment que l’histoire tournait quand même un peu en rond. On va jusqu’au bout néanmoins, mais le récit s’essouffle et perd de son intérêt (pour moi du moins) Dommage car l’univers créé était prometteur, le supermarché comme allégorie du monde capitaliste est bien vu et à peine poussé à l’extrême, j’ai découvert Thomas Gunzig par cet ouvrage et serai sans doute tentée d’aller voir ce qu’il a fait d’autre, car les histoires qui « surprennent » vraiment ne sont pas si courantes.

 

Extrait : p. 105 « Les centres commerciaux prospéraient sur la misère. Pour vendre aux pauvres, ils avaient embauché d’autres pauvres qu’ils faisaient bosser à des cadences infernales. Ça maintenait le taux du chômage dans des chiffres que les hommes politiques jugeaient acceptables pour leur image de marque, ça épuisait tellement les travailleurs qu’une fois rentrés chez eux ils ne pouvaient que très difficilement penser à autre chose qu’à bouffer une moussaka surgelée, boire un coup et s’endormir devant la télé. C’était une bonne façon de maintenir la paix sociale. En fait, il n’y avait qu’une seule loi : l’hyper-productivité, mesurée en euros par heure travaillée. »

 

Au Diable Vauvert, août 2013, 420 pages, prix : 18 €

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Crédit photo couverture : © Au Diable Vauvert

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L
L’astucieux Thomas Gunzig a écrit son roman, un genre de polar, avec juste un poil de décalage avec notre réalité quotidienne pour le rendre attractif et étrange. Autre bon point, il insère de-ci de-là une certaine dose de culture dans son bouquin accessible à tout public. Point négatif, j’ai trouvé faible les rapports homme/femme de ses personnages. Cette dernière remarque grève la note finale, nous avons donc-là, un roman mineur mais qui vous assure néanmoins un très bon moment de lecture.
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D
Le titre est alléchant mais je suis un peu sur la réserve après l'avoir feuilleté
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L
Le titre est assez en décalage avec le contenu il me semble... Le début est vraiment très bon (et surprenant), d'autres ont beaucoup aimé, mais moi je me suis ennuyée sur la longueur...
S
Je ne suis pas tentée... Un petit tag t'attend chez moi : http://saxaoul.canalblog.com/archives/2013/08/27/27903038.html
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L
je vais aller voir ça :-)