Les jardins d'Hélène

Nathalie Hug - L'enfant-rien

12 Mars 2011, 17:33pm

Publié par Laure

 

enfant-rien.jpgJusqu’ici Nathalie Hug était plutôt connue pour l’écriture de polars à quatre mains avec Jérôme Camut (la série Les voies de l’ombre, dont Prédation est le 1er tome), elle se lance ici seule pour la première fois.

L’enfant-rien est l’histoire d’un petit garçon, Adrien, malade des reins, mais qui souffre surtout de solitude et d’un grand manque affectif : celui de ne pas savoir qui est son père. Il a bien une sœur ainée, Isabelle, qui part un week-end sur deux chez son père, mais de son père à lui, qui n'est pas le même, il ne sait rien. Sa mère est triste et repliée sur elle-même, et sa tante souvent de passage, Tante Barrettes parce qu'elle a plein de barrettes dans les cheveux, est qualifiée de méchante et langue de vipère par les enfants.

Adrien crie son mal-être en silence et rêve d’ouvrir la boîte rouge de sa mère, qui contient peut-être le secret de sa filiation… Quand sa mère est victime d’un accident de la route, transformée en « tas-de-fraises-à-la-crème », il est hébergé dans la famille du père de sa sœur, lequel a refait sa vie avec Catherine, avec qui il a un bébé. Il essaie par tous les moyens de se faire aimer de cet homme mais maladroit il ne fait que compliquer les choses.

Sa relation va se renfermer davantage sur sa mère et lui…

Le roman est très court, il ne faut point trop en dire… Les dernières pages de fin donnent la parole à la mère et apportent un revirement total à l’histoire, ce qui la sauve il est vrai de la banalité, car sans cela j’avoue qu’elle ne m’a pas touchée plus que cela (déjà trop vu?), sinon dans le lien peut-être entre la petite Isabelle et son demi-frère qu’elle surnomme tendrement le morpion…

La famille éclatée recomposée en plusieurs épisodes est actuelle, mais il faut un peu de temps pour s’y repérer !

De même le comptage des chapitres en cinq, cinq et demi, six, six et demi, sept, etc. trouve une jolie explication à la fin.

Je n’ai pas l’enthousiasme d’autres lecteurs, mais c’est un petit roman qui mérite quand même le détour.

 

Calmann-Lévy, janvier 2011, 133 pages, prix : 14,50 €

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Crédit photo couverture : © cedric© scandella.fr photographie : © Plainpicture / Wildcard / Alison Morton et éd. Calmann-Lévy

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Il n'y a pas de chats dans ce livre - Viviane Schwarz

9 Mars 2011, 19:02pm

Publié par Laure

 (traduction de Claude Lager)

  

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Non non il n'y a PAS de chats dans ce livre ! Vous êtes sûrs ? Et si on commençait par enlever la jaquette ?

 

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Ah bah les voilà les 3 coquins ! Vite, car ils ne vont pas rester là bien longtemps ! André (le gros jaune), Lunatic (le grand bleu) et Mini (le ptit rouge) ont bien l'intention de partir découvrir le monde et pour cela, de sortir du livre, par tous les moyens possibles !

 

Allez, hop, poussons de ce côté :

 

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hmm, raté ! Mais nos trois ptits chats débordent d'énergie et de bonnes idées pour s'enfuir du livre et promis, ils nous enverront une carte postale ! Et ils reviendront sûrement avec une surprise...

 

Un album original qui prend à parti le lecteur, l'interpelle, le fait participer, joue des mises en pages, des pop-up, collage, des revers de jaquette... c'est très court, mais rempli de (bonnes) surprises !

A-do-rable !

 

(dès 2-3 ans et sans limite d'âge !)

Sophie et Fantasia en parlent très bien 

Et si vous souhaitez voir et écouter l'auteur vous lire son album (en anglais), c'est ici !

 

Merci Clarabel pour ce beau cadeau aux félines de la famille:-)

 

Pastel / Ecole des Loisirs, mars 2011, prix : 14 €

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Crédit photo couverture : © Viviane Schwarz et Pastel

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Liberté, égalité, chocolat – Alex Shearer

8 Mars 2011, 15:41pm

Publié par Laure

Traduit de l’anglais par Stanislas et Sophie Barets

 

liberte-egalite-chocolat.jpgUn nouveau parti a pris le pouvoir, et ça ne rigole pas : Le Parti Qui Vous Veut du Bien (le Parti de la vie saine, des bonnes dents et de l’éradication de l’obésité et autres maladies liées à une mauvaise alimentation) a décidé de réglementer la santé et le mode de vie des citoyens en interdisant la consommation et la possession de chocolat et autres sucreries. Le chocolat et ses dérivés sont devenus des produits illégaux. La Patrouille armée de robots renifleurs et destructeurs veille au grain, aidée par une équipe de jeunes enrôlés : les Jeunes Pionniers, qui ont pour mission de dénoncer et faire envoyer en camps de rééducation les contrevenants.

On l’aura compris, l’image est facile et le vocabulaire choisi : on y parle très vite de Milice, de bruit de bottes, de marché noir, de résistance, de camps, de bootleggers et de révolution. Ou comment réagit-on à la prise de pouvoir d’une dictature. Toute comparaison avec la seconde guerre mondiale n’est pas fortuite, ainsi qu’avec la Prohibition des années 1917-1935 aux Etats-Unis, où l’alcool était interdit, avec pour conséquence un important trafic mené par des « bootleggers » (littéralement des « hommes qui cachaient des bouteilles dans leurs bottes »)

Ici, ce sont des enfants, Arthur et Sébastien, fidèles copains, qui vont s’insurger et monter une chocolaterie clandestine, dans le magasin d’une vieille commerçante sympathique, et développer un important marché noir, mener la lutte pour aboutir à la Révolution et au renversement du pouvoir.

On a là un roman d’aventures assez prenant, facile à lire, pas toujours réaliste (les adultes ne s’occupent pas beaucoup des enfants qui font un peu ce qu’ils veulent), plutôt idéaliste, avec des gentils et des méchants (les « collabos ») et qui par le biais d’une histoire imaginaire et fantaisiste éveille à la Grande Histoire. Si c’est bien mené, ça reste néanmoins un peu superficiel et convenu, comme si l’idée n’était finalement que de caser les idées imparties.  

Peut-être l’ensemble est-il au final trop caricatural pour réellement fonctionner, ou alors s’adresse-t-il plutôt à des enfants encore assez jeunes (10-12 ans) qui verraient moins la façon « plaquée telle quelle » de parler d’Histoire ?

Je ne sais pas, l’idée était bonne, mais le roman peut-être un peu trop didactique et donc artificiel.

 

p. 147 : « Eux, ils ne travaillaient pas pour l’argent. Ils défendaient une juste cause : le droit de croquer un carré de chocolat de temps en temps.

Ils étaient devenus des bootleggers comme Robin des Bois s’était fait hors-la-loi – parce qu’ils étaient du côté des faibles et des opprimés, qu’ils s’opposaient à la tyrannie et à l’arbitraire. »

 

Bayard jeunesse, coll. MilléZime, juin 2008, 362 pages, prix : 12,90 €

(parution en VO : 2003)

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Crédit photo couverture : éd. Bayard

 

 

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Amour, patates et rock'n'roll – Céline Lavignette-Ammoun

7 Mars 2011, 08:49am

Publié par Laure

 

amour-patates-et-rocknroll.jpgJulia a 14 ans et mène la vie ordinaire d'une collégienne de son âge, aimée et entourée de ses parents, de sa grand-mère, et de sa meilleure amie Bérénice. Mais Julia a un frère jumeau qu'elle aime très sincèrement, mais dont elle a du mal à assumer la différence à l'extérieur, notamment auprès du CDP, le « Club des Pétasses », le clan de copines un peu bécasses du collège. Car Julien est autiste, et tout le monde vit d'abord en fonction de lui à la maison. De là à le transformer en cousin anglais chanteur de rock et à se mettre dans une situation un peu compliquée auprès des copines …

 

D'abord lu par ma fille de 14 ans qui l'a beaucoup aimé, (« c'est bien et c'est drôle » est tout ce que j'ai réussi à lui faire dire), je le lui ai piqué ensuite. C'est effectivement un beau roman sur la relation frère-soeur, une relation que j'aurais aimé voir davantage développée dans le récit, tant on sent bien l'amour et le lien fort qui les unit, un roman sur la différence aussi (ici l'autisme) et la difficulté de s'en expliquer à l'extérieur. Mais c'est aussi un roman d'adolescents, façon tranche de vie, avec les tourments habituels des premières amours timides et les grouillements qu'on trouve ridicules des années plus tard sur les comportements en groupe au collège !

 

Quelques maladresses de jeunesse (c'est un premier roman je crois), j'ai parfois trouvé un peu longuettes toutes les considérations sur les profs, les cours (mais je suppose que ça « parle » davantage aux jeunes lecteurs), inutile et dommage d'avoir prénommé les jumeaux Julia et Julien, invraisemblable une partie du dénouement, mais j'ai aimé la fraîcheur de l'ensemble, l'humour, la vivacité, la dérision, et surtout, ce beau lien fraternel, et grand-maternel !

 

À découvrir !

 

Lire des extraits : ici

 

éd. d'un monde à l'autre, septembre 2010, 226 pages, prix : 15€

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Crédit photo couverture : © mademoiselle caroline

 

 

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Fais de beaux rêves - Pierre Lagier

6 Mars 2011, 21:00pm

Publié par Laure

 

fais-de-beaux-reves.jpgQuelques mois après le décès de son grand-père dont il se sentait très proche, Pierre reçoit une lettre de lui. Un retard de la Poste ? Non, car étonnamment elle porte la date du jour. C'est le début d'une série de missives dans lesquelles l'aïeul pousse son petit-fils à s'interroger sur le sens qu'il donne à sa vie, par le biais de petites histoires façon fables, et qu'il termine toujours affectueusement par « fais de beaux rêves ». Mais comment est-il possible que ces lettres lui parviennent ? Persuadé qu'il est suivi par une femme rencontrée dans la file d'attente à la caisse de la Fnac, il se met à son tour à la suivre et c'est ainsi qu'il fait la connaissance de Marie Dantérion...

 

Un petit roman tout simple, frais, léger, enjoué, avec au détour une petite histoire d'amour. Je n'en garderai sans doute pas un grand souvenir non plus, d'autant que le mystère se devine aisément, mais j'ai passé un bon moment à sa lecture, quoiqu'un peu court sans doute ?

 

Buchet-Chastel, fév. 2010, 136 pages, prix : 13,50 €

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Crédit photo couverture : éd. Buchet Chastel.

 

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Mademoiselle Chambon, un film de Stéphane Brizé (2008)

6 Mars 2011, 20:51pm

Publié par Laure

 

Avec : Sandrine Kiberlain, Vincent Lindon, Aure Autika, ...

Durée : 96 min.

D'après le roman éponyme d'Eric Holder

 

mademoiselle-chambon-DVD.jpgElle est institutrice solitaire et nomade au fil des remplacements, dans la classe de son fils, il est maçon, marié, père, et heureux dans sa petite vie simple et tranquille...

 

C'est sans doute l'un des films les plus silencieux du cinéma parlant, où tout se joue dans les regards, les non-dits, les gestes retenus, et quelques morceaux de violon. Une histoire banale d'amour qui vous tombe dessus sans s'être annoncé et qui vous conduit à faire un choix, qu'on ne découvrira qu'à la toute fin... Émotions palpables, fortes et retenues, que magnifient une grande lenteur... ça agace ou ça séduit ! Si vous aimez que ça bouge, passez votre chemin ! Si vous aimez les histoires intimistes et délicates où la force réside dans la suggestion, c'est pour vous !

 

 

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© TS Productions / Michaël Crotto

 

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Rose - Tatiana de Rosnay

2 Mars 2011, 16:01pm

Publié par Laure

 Traduit de l'anglais par Raymond Clarinard

 

rose-tdr.jpg1868 à Paris. Rose prend la plume pour écrire une longue lettre à son époux Armand, décédé dix ans auparavant. Elle se terre dans leur maison tant aimée de la rue Childebert, maison vouée à la destruction du fait des travaux d'embellissement de Paris par le baron Haussmann, préfet de la ville sous Napoléon III, qui a la folie des grandeurs et des grands boulevards. Les actes d'expropriation et les dédommagements financiers n'y changeront rien : Rose ne veut pas quitter sa maison.

Mais avant que les travaux de destruction ne commencent, elle doit se confier à Armand, lui confesser ce lourd secret qu'elle n'a pas eu la force de lui révéler de son vivant. Mais sa longue lettre est aussi l'occasion de revisiter leur bonheur, leur rencontre, la naissance de leurs enfants, la difficulté que Rose a à aimer de manière égale ses deux enfants, sa belle-mère Odette qui l'aime comme sa fille, les amis qui lui sont chers et qui l'ont soutenue à la mort d'Armand : Alexandrine, la fleuriste, M. Zamaretti le libraire, la comtesse de Vresse ; et de découvrir une page méconnue de l'histoire sur l'évolution de Paris. 

Si j'avais des doutes sur ma capacité à apprécier un roman historique (ce n'est pas ma tasse de thé), j'ai vite oublié mes craintes pour me laisser emporter par ce roman à l'écart de la frénésie moderne, au charme légèrement suranné, où la lenteur de la plume conduit le rythme. Tatiana de Rosnay sait à merveille raconter une histoire et vous faire vivre avec ses personnages. On croirait sentir le parfum des roses et des fleurs de la boutique d'Alexandrine, revivre l'amitié de ces deux femmes si différentes, balayer la poussière des travaux incessants et démesurés, qui ont fait de Paris ce qu'elle est aujourd'hui. 



p. 52 « Comment pourrais-je jamais quitter cette maison, mon amour ? Cette haute maison carrée, c'est ma vie. Chaque pièce a une histoire à raconter. Retranscrire l'histoire de ce lieu sur le papier est devenu un besoin terrible, irrépressible. Je veux écrire afin que nous ne soyons pas oubliés. Oui, nous les Bazelet de la rue Childebert. Nous avons vécu ici, et en dépit des embûches que le sort nous a réservées, nous y avons été heureux. Et personne, écoutez-moi bien, personne ne pourra jamais nous l'ôter. »  

p. 88 : « Le préfet et l'empereur rêvaient d'une cité moderne. Une très grande cité. Et nous le peuple de Paris, n'étions que des pions dans cette gigantesque partie d'échecs. »

 

 J'ai aimé :

- le roman épistolaire au long cours

- la parenthèse hors du temps, j'ai vécu dans une bulle quelques heures avec les personnages

- la fin, assumée et sans équivoque (j'ai horreur des fins ouvertes où le lecteur doit imaginer ce qu'il veut et de préférence le meilleur), je me demandais sincèrement jusqu'où irait l'auteur, si il y aurait un revirement ou pas. La tension allait croissant, vraiment ! Non seulement j'ai eu la réponse que j'imaginais, mais avec une surprise en plus.

 

J'ai un doute :

- sur le secret confessé, enfin pas tant sur le secret lui-même que sur les conséquences qu'il a eu sur la vie de Rose, j'ai un peu de mal à y adhérer, même si elle s'en justifie au détour d'une phrase. (C'est énigmatique mais je ne veux pas trop en dévoiler)

 Nul doute que Rose séduira son lectorat !

 

A lire : l'article de Véronique B. sur le blog de Cultura   

A voir : la vidéo de Tatiana qui présente son roman :

 

 

 

Ed. Héloïse d’Ormesson, mars 2011, 247 pages, prix : 19 €

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Crédit photo couverture : © Cédric Porchez et éd. Héloïse d'Ormesson.

 

 

 

  

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