Les jardins d'Hélène

Splat chante faux ! / Bonne nuit, Splat ! – Rob Scotton

28 Janvier 2012, 11:40am

Publié par Laure

splat-005.jpg

 

Deux nouveaux albums de Splat arrivent en même temps : Splat chante faux ! et Bonne nuit, Splat ! Les albums ont rétréci (le format a perdu quelques centimètres, 22 x 17, contre 27 x 27 cm pour les aventures précédentes), mais la bonne nouvelle, c'est que le prix a fondu aussi ! Plus étonnant, l'auteur ne garde plus qu'une responsabilité de créateur, le personnage de Splat est repris par d'autres, auteurs et illustrateurs changent, Robert Eberz à l’illustration, et un auteur différents à chaque titre, et ce n'est écrit qu'en tout petit en deuxième de couverture. Honnêtement, sur l'illustration, je ne vois pas la différence. Sur le texte, pas vraiment non plus, même si je trouve ces deux nouvelles histoires un peu fades et sans attrait particulier.

 

splat-006.jpg

 

 

splat-007.jpg

 

 

Dans Splat chante faux ! la maîtresse a une surprise pour les chats de sa classe : ils vont chanter à la fête de l'école ! Mais aux premiers entraînements, Splat est trop timide, et il ne parvient à sortir aucun son. Il va surmonter sa timidité au grand dam des oreilles de ses camarades chats et des parents : il chante horriblement faux ! (un étrange et pas très développé "lalala") mais au moins tout le monde se souvient de lui, et tout le monde préfère en rire.

 

Dans Bonne nuit, Splat ! notre chat noir va découvrir les peurs et les agitations nocturnes du camping dans le jardin : frayeur, angoisse, énervement, difficulté à supporter les copains, mais au final bien sûr tout s’arrange !

 

Deux nouvelles aventures plaisantes donc, on aime retrouver le personnage, ses amis et Harry Souris, mais sur le fond, je les trouve un peu « plats » ces Splat.

 

Nathan, janvier 2012, prix : 5,50 € chaque

Etoiles : stars-3-0__V7092079_.gif

Crédit photo couverture : © Rob Scotton et éd. Nathan.

Voir les commentaires

Paul à Québec - Michel Rabagliati

25 Janvier 2012, 06:26am

Publié par Laure

PaulQuebec3d.jpgSixième tome de la série des Paul ; Michel Rabagliati poursuit son art délicat de la chronique familiale tout en noir et blanc.

Juin 1999. Paul part avec sa femme et leur fille passer le week-end chez ses beaux-parents à Québec, dans une belle maison familiale où tous les enfants et petits-enfants se retrouvent avec grand plaisir. On sent le lien et le bonheur de ceux-là, heureux d’être ensemble.

Roland, son beau-père, est soigné pour un cancer de la prostate, qui semble bien évoluer sur le chemin de la guérison. Dès lors le découpage choisi suit l’évolution de la maladie, chienne de vie, un an plus tard, puis mois par mois, puis jour après jour : le temps se rapproche dans la succession des bulles, le parcours de la maladie, de la fin de vie et de son accompagnement sont très bien retranscrits, dans le dessin qui voit Roland changer physiquement au fil des mois puis des semaines, dans le scénario qui ne cache rien de la difficulté de l’acceptation et du sens de l’entrée en soins palliatifs, de la famille éprouvée mais présente.

Très bel album, sensible, juste, qui sublime un quotidien fait de petits gestes presque anodins. Les passages sur les mouvements indépendantistes de la province du Québec au début de l’album et les expressions québécoises typiques apportent un intérêt et une saveur supplémentaires à l’ouvrage. Du bel ouvrage.

 

Lauréat du Prix du Public au Festival BD d’Angoulême en janvier 2011

 

Ma lecture plus ancienne de Paul en appartement et Paul dans le métro

 

La Pastèque, mars 2010, 187 pages, prix : 20 €

Etoiles : stars-4-5__V7092073_.gif

Crédit photo couverture : © Michel Rabagliati et éd. La Pastèque

Voir les commentaires

Le livre qui t'explique enfin tout sur les parents - Françoize Boucher

23 Janvier 2012, 13:52pm

Publié par Laure

le-livre-qui-t-explique-tout-sur-les-parents.jpg

 

Repéré chez Clarabel (qui en propose quelques extraits), et sur le bon souvenir que nous avions avec mes filles de l'opus précédent, je me suis empressée de le commander ! (et à peine reçu, je recevais son jumeau inattendu en service de presse, la vie est mal faite, mais pas grave, on fait des heureux autour de nous, comme dit le PS du livre : "merci d'offrir ce livre à tous tes amis pour qu'ils comprennent enfin leurs parents"). Tiens d'ailleurs c'est la première fois que j'achète dans le commerce en janvier 2012 un ouvrage imprimé avec un dépôt légal "mars 2012", là c'est la *thécaire qui parle, sur qui le catalogage a déteint .  Pas de surprise côté maquette donc, on est sur le même type de graphisme, d'humour et de trouvailles délirantes.

Et cette fois encore, l'humour permet de faire passer bien des messages, qui plairont tout autant aux enfants (à partir de 8-9 ans) qu'aux parents. Quelques très bonnes pages (mais à force de les voir sur la blogosphère où il essaime très vite, c'est un peu comme les bandes-annonces des films, on a déjà  vu tous les meilleurs morceaux quand on s'y confronte enfin), parfois un brin d'impertinence ou de mauvaise foi, mais au final, même si pour les jeunes les parents sont souvent "gonflants", c'est bien parce qu'ils les aiment !

Oui, je ne dis pas grand chose qui dévoile l'ouvrage, parce que c'est plus amusant d'en avoir la surprise, à découvrir sans autre risque que celui de rire, et il fera partie de ces titres que les enfants ressortent régulièrement des étagères pour les relire.
Et je partage l'avis de Mosquito, 10 ans 3/4 :  très sympa, mais je préfère quand même celui sur les livres !

 

Nathan, janvier 2012, prix : 9.90 €

Etoiles : stars-4-0__V7092073_.gif

Crédit photo couverture : © Françoize Boucher et éd. Nathan.

 

 

 

Voir les commentaires

Les en dehors ... - Stéphane Beau

20 Janvier 2012, 16:04pm

Publié par Laure

les-en-dehors.jpgLéopold, libraire de profession, écrivain à ses heures, a décidé de tout laisser tomber le jour de ses trente ans. Il a tout vendu, sa boutique dans l’ouest de la France, ses biens, pour aller vivre en ermite à Porcatol, un petit bourg du Sud. Il n’a gardé que ses livres, et vit de peu dans une vieille bicoque sans eau ni électricité. Finie l’hyperconsommation et les faux-semblants du monde, il est libre, et s’approvisionne du peu qu’il lui faut à l’épicerie et vit en « homme des bois » (toute à l’allusion à Henry-David Thoreau est bienvenue). C’est dans ces circonstances qu’il fait la connaissance de Colas, un môme de 7 ans perché en haut d’un arbre, qui l’interpelle sans gêne. Ainsi il apprend que la peste birmane a gagné du terrain, les écoles ont fermé, les gens n’ont plus le droit de circuler librement, la milice est partout. Trop éloigné de la vie fourmillante, Léopold n’avait pas mesuré la rapidité et l’importance des événements. Colas, devenu orphelin, est à l’abri de l’épidémie qui progresse trop vite à la ville, retiré ici à la campagne chez sa tante. Mais il ne l’aime pas beaucoup cette tante, et c’est réciproque…

Dans une ambiance de fin du monde encore plus assombrie par l’occupation militaire, Colas et Léopold vont s’attacher l’un à l’autre, et surmonter ensemble bien des difficultés. Rite sacrificiel, meurtre, fuite, camps d’enfermement (pour mise en quarantaine sanitaire) qui de par l’horreur et l’absurdité ne sont pas sans rappeler une autre période de l’Histoire, on chemine avec les personnages dans leur lutte pour la survie et la liberté. Le rapprochement avec La route de McCarthy est évident, cet extérieur hostile, la relation qui se tisse entre Colas et Léopold même s’ils n’ont pas de lien du sang, l’horreur traversée, la lutte pour avancer, rester libre et triompher de la bêtise des hommes…Néanmoins, n’y voyez pas une pâle copie de la route, si l’on ne peut s’empêcher d’y penser (et le livre est d’ailleurs cité dans le récit), celui-ci est différent, et ne manque pas de notes positives, des dénouements parfois un peu trop faciles dans leur réalisation mais qui viennent compenser agréablement des scènes précédentes à peine soutenables. Et puis il y a l’écriture de Stéphane Beau, simple, limpide, mais efficace. Pas de chichis, beaucoup de justesse.

J’ai aimé les idées véhiculées par ce roman, les personnages attachants, les doutes et les peurs (un personnage féminin rejoint l’histoire, peut-on encore aimer quand on a choisi la solitude depuis plus de douze ans ?), je pardonne les passages que j’ai trouvés un peu « faciles » car ils contrebalancent bien la rude noirceur qui précède ; bref, c’est une très belle découverte que ce roman publié par un petit éditeur d’Anjou, et j’avoue que j’ai très envie de continuer à découvrir les romans de l’auteur, notamment l’un de ses précédents , le coffret, qui évoque l’interdiction de la lecture et l’abolition absolue des livres. Il faut dire qu’avec de tels sujets, c’est déjà presque gagné, son talent fait le reste !

(Et venant de moi qui ne suis pas du genre « à me faire l’intégrale d’un auteur » parce que j’ai aimé un livre, c’est que j’y vraiment trouvé quelque chose d’intéressant, que je ne parviens pas forcément à bien retranscrire)

 

p. 14 : « L’homme n’a jamais eu d’enfants. Il ne s’est jamais véritablement senti à l’aise en leur présence. Il y a une telle force en eux, une telle puissance, une telle spontanéité, tellement d’énergie brute difficile à canaliser… Et puis, ils sont trop bavards, trop curieux. »

 

Stéphane Beau est très impliqué en littérature :

- Blog de la revue Le Grognard 

- Chroniques sur K-Libre

 

Editions du Petit Pavé, novembre 2011, 185 pages, prix : 18

Etoiles : stars-4-0__V7092073_.gif

Crédit photo couverture : éd. du Petit Pavé.

 

 

 

Voir les commentaires

Les liaisons ferroviaires - Jean-Pierre Martin

19 Janvier 2012, 17:35pm

Publié par Laure

liaisons-ferroviaires.jpgLe romancier embarque le lecteur à bord du TGV 9864, voiture 16, pour un aller-simple Nice-Bruxelles et un voyage au cœur des pensées des passagers, et de quelques membres du personnel de bord, conducteur, contrôleur, employé de la voiture bar. Les passagers s’observent, se cherchent, fantasment et trahissent leur désir amoureux sous l’œil attentif d’Etienne Montgolfier, un « ethnologue du proche » qui distribue des questionnaires pour son étude sociologique de la sexualité et de l’amour dans un monde à grande vitesse.

Etonnant, original, parfois drôle, peut-être un peu trop juxtaposé au niveau des voix, j’ai aimé cet ensemble polyphonique qui fonctionne en huis-clos ou presque (une voiture de TGV, quelques passagers qui montent ou descendent au fil des gares, des déplacements à la voiture bar), j’ai aimé aussi que même la motrice prénommée Alice prenne la parole, et que l’écrivain soit mis en scène également sur la fin. Pourtant, cela reste un peu léger, des réflexions qui s’entrecroisent pour une nouvelle carte du Tendre, mais qui ne m’emporte pas non plus plus que cela.

 

Champ Vallon, janvier 2011, 215 pages, prix : 17 €

Etoiles : stars-3-0__V7092079_.gif

Crédit photo couverture : © éd. Champ Vallon       

Voir les commentaires

La famille trop d’filles, tome 1 : Anna / tome 2 : Bella – Susie Morgenstern, ill. par Clotka

18 Janvier 2012, 15:39pm

Publié par Laure

famille-trop-dfilles-Anna.jpgDans la famille trop d’filles, je demande Anna ! Et oui, toutes les familles ne se ressemblent pas. Chez les Arthur il y a sept enfants, six filles et un seul garçon, Gabriel. Anna, l’aînée, aide bien plus qu’à son tour dans les tâches quotidiennes et la surveillance des plus jeunes, malgré l’aide du baby-sitter irlandais Billy. Les parents sont très peu présents, la mère est grand reporter pour la télévision, et le père ingénieur, a créé un logiciel qu’il installe partout dans le monde.

Anna vient d’entrer en 6ème et n’est pas insensible au charme de son camarade Martin. Elle participerait bien aussi à la pyjama party de son amie Sophie, mais comment trouver un peu de temps pour elle au milieu de cette tribu ? sans compter qu’Anna est aussi déléguée de classe ! Qu’importe, si elle ne peut aller à la fête, la fête viendra à elle, même si Sophie trouve que chez les Arthur, on mage vraiment des trucs bizarres. (On ne mange des pâtes que lorsque vraiment personne n’a eu le temps de faire à manger)

Une Anna un peu trop parfaite donc, petit chef de famille bien trop jeune, mais on sent l’humour (un curieux jeune homme au pair que ce Billy !) et la fraternité joyeuse de cette famille. Un premier tome prometteur pour les jeunes lecteurs, qui inaugure une série qui consacre un volume à chacune des six filles, façon jeu des sept familles espiègle et enjoué (y en aura-t-il un pour le petit dernier de sexe masculin ?)

famille-trop-dfilles-Bella.jpgDans la famille trop d’filles, passons à la suivante : Bella. Dix ans, en classe de CM2, elle est bien plus timide et réservée que ses cinq sœurs. Elle adore lire, rêver, et écrire des poèmes. Pour tenter de l’aider à s’affirmer et à participer davantage, sa maîtresse l’inscrit d’office à un concours de poésie pour représenter sa classe. Aïe ! dur, dur pour notre grande timide ! Bella a un secret : elle est amoureuse de Billy, leur baby-sitter irlandais.

Le récit est ponctué des poèmes écrits par Bella et des phrases en anglais dites spontanément par Billy, qui s’exprime plus facilement dans sa langue maternelle. Même si tous les enfants ne comprendront peut-être pas ces phrases, j’aime cette idée de mêler les deux langues, beaucoup d’enfants commençant maintenant l’anglais en primaire, cela devrait leur devenir familier. Et l’on se surprend à attendre la suite de cette série pour faire plus ample connaissance avec les filles bien attachantes de cette famille « trop d’filles », et l’on réclamerait presque à Susie Morgenstern un bon gros roman pour les lecteurs un peu plus grands, car il y a bien du potentiel là-dessous !

Les illustrations modernes, nombreuses et colorées plairont aux enfants et rythmeront leur lecture.

 

A paraître, 2 nouveaux tomes en mars 2012, Cara, et Dana, et 2 autres en mai 2012, Elisa et Flavia.

 

Nathan, coll. « Premiers romans », dès 7 ans,  40 pages chacun, prix : 5,60 € le volume.

Etoiles : stars-4-0__V7092073_.gif                                                                              

Crédit photo couverture : © Clotka et éd. Nathan

Voir les commentaires

La lectrice et la liseuse

13 Janvier 2012, 23:26pm

Publié par Laure

  
Comme promis à quelques lectrices / blogueuses / collègues, voici mon retour d’expérience sur la liseuse que je me suis achetée l’an dernier : la Sony PRS-T1.
 
Je précise d’emblée qu’il ne s’agit en aucun cas de faire la publicité d’un modèle (marque) ou d’un(e) autre (techniquement tous se valent à peu près) mais de vous parler simplement du cheminement qui a été le mien avant d'arriver à ce choix.
 
Je ne ferai pas de comparatif technique, vous en trouverez facilement d’excellents sur le web, notamment sur le site de François Bon et sur les sites dédiés à la lecture numérique, ainsi que sur les sites de journaux informatiques / high tech, votre moteur de recherches préféré vous donnera tout cela. C’est néanmoins une démarche préalable utile et intéressante, que j’ai faite pendant pas mal de temps, histoire de suivre l’évolution (rapide) des produits, et de comprendre bien sûr ce qu’il y a derrière, car c’est ce fonctionnement qui peut faire la différence.
 
En préambule, quelques notions de vocabulaire, qui permettront de savoir de quoi on parle : je vais reprendre les termes les plus utilisés en France. On parle de liseuse (ou reader) quand on parle de l’appareil qui sert à lire un livre numérique. On parle de livre numérique (ou ebook) quand on parle du livre lui-même, à savoir le fichier qu’on achète et télécharge pour le mettre dans sa liseuse. Ma fréquentation assidue des forums du Kindle montre à quel point les gens font la confusion et appellent ebook la liseuse, voire une tablette, ce qui est encore autre chose, du coup ça prête à pas mal de quiproquos dans les réponses.
 
On résume :
- la liseuse = l’appareil dans lequel je vais mettre des livres numériques et avec lequel je vais les lire
- l’ebook = le livre lui-même, sous forme de fichier numérique.
(Ceux qui pianotent sur leur Kindle depuis des mois vont me prendre pour une débile, mais je vous assure que pour avoir fait pas mal de formations en ressources numériques, votre voisin lambda lui, ne fait pas forcément la différence entre les deux et il adore vous embrouiller la discussion.)
 
Les enjeux commerciaux de Noël ont fait le reste : les prix ont baissé, et chacun y est allé de son modèle : Amazon a sorti le Kindle en France, Fnac a sorti le Kobo, Virgin je crois vend les modèles de chez Bookeen (que vous pouvez trouver ailleurs aussi) et Sony a sorti un nouveau modèle : le PRS-T1. Kindle et Kobo sont donc les p’tits noms des liseuses qui vont revenir régulièrement dans cet article.
 
J’ajoute un autre préambule avant que la foule ne se déchaine : je me suis bien sûr posé ces deux questions :
1)      Est-ce que j’en ai besoin ? La réponse est non. En tant que bibliothécaire responsable d’une structure dans laquelle il y a 9000 livres (oui, c’est une toute petite bibliothèque), contrairement à certains de nos lecteurs, je peux affirmer que non, je n’ai pas encore tout lu . Et puisque j’achète pour cette bibliothèque en moyenne 600 nouveaux livres par an et que j’en renouvelle 2000 autres par an également à la Bibliothèque Départementale, je sais que jamais je ne pourrai tout lire. Quand bien même je me limiterais à ceux qui m’intéressent. Par ailleurs, j’ai chez moi plus de 500 livres personnels que je n’ai pas encore lus, je continue d’en acheter de temps en temps (on ne se refait pas), alors de la lecture, des livres, ce n’est pas ce qui me manque pour les années à venir. Je peux survivre jusqu’à ma mort sans liseuse.
2)      Est-ce que j’en avais envie ? La réponse est oui (évidemment). Parce que professionnellement on en parle sans cesse, que j’avais envie de savoir ce que c’était, et que comme beaucoup, je rêve de partir en vacances avec plein de livres qui ne prennent pas de place et des pavés qui ne pèsent rien.
J’écarte d’emblée toutes les notions de « oui mais l’odeur du papier, le bruit des pages, la sensualité machin » : ceux qui me suivent depuis un certain temps savent que je n’y accorde aucune importance, que je déteste les vieux livres qui puent, même si je reconnais un plaisir particulier au format et papier des éditions Actes Sud, ce qui m’importe, c’est le contenu, pas le contenant. Je reste donc insensible à ces arguments-là.
 
Il y a un an (fin 2010 début 2011) les professionnels qui se sont succédés lorsque j’étais en prépa concours étaient formels : il n’y avait rien d'intéressant en France, tant au niveau des appareils que des offres, seul le Kindle alors seulement vendu aux Etats-Unis présentait un intérêt : politique de prix intéressante pour les ebooks, offre colossale, mais choix restreint à la langue anglaise, ce qui pour des francophones unilingues ne présente pas grand intérêt. Et puis la France a toujours dix ans de retard sur les Etats-Unis, on sait que ça bouge, mais il faut du temps.
 
Dès lors, j’ai eu envie d’acheter un Kindle sur Amazon.com, je rappelle qu’à cette époque-là, il n’était pas sorti en France, on ne pouvait donc le faire sur .fr. D’autres produits existaient en France, mais aucun ne semblait intéressant, j’ai la chance d’avoir un geek de fils qui me coache bien sur le sujet. Son verdict a été clair en réponse à mes attentes : achète-toi le Kindle touch ou attends que Sony sorte son nouveau modèle (le PRS-T1 était alors seulement annoncé)
Mais avais-je vraiment besoin d’acheter un Kindle si en face je n’avais nullement envie d’acheter des livres en anglais ? [Clarabel et Bladelor se souviendront de nos échanges passionnés] J’ai alors commencé à m’intéresser au fonctionnement de ces petites bêtes et au principe des formats. Parce que bien sûr on n'est pas fichus d'en faire un seul, ce serait tellement simple !
On évacue un point tout de suite : les liseuses sont monotâche : elles ne servent qu’à lire. C’est leur fonction première. Oui on peut lire ses mails et écouter de la musique en même temps avec (du moins sur la Sony où l'on peut stocker photos et mp3), mais elles ne sont pas faites pour cela, donc tout ce qui ne relève pas de la lecture y est assez laborieux ou médiocre. Contrairement aux tablettes (type Ipad), elles ne fonctionnent pas avec un écran rétro-éclairé, mais avec de l’encre électronique : pas de fatigue visuelle, consommation de batterie très faible, mais usage limité : elles sont faites pour lire, et il ne faut pas les acheter pour autre chose. Là aussi, quand on lit les forums qui ont explosé depuis les cadeaux de Noël, on voit les déceptions de ceux qui étaient mal informés : si une liseuse est bien moins chère qu’une tablette, c’est tout simplement parce qu’elle n’offre pas les mêmes possibilités !
 
Un point semblait poser problème, c’est celui des formats, et là encore, je remercie tous les sites web et autres forums spécialisés où j’ai trouvé toutes les infos que m’intéressaient, et qui m’ont permis de ne pas être déçue ensuite. (Je vais me répéter mais c’est encore ce qui ressort des forums aujourd’hui : tous les déçus du Kindle ou du Kobo à Noël ne s’étaient pas renseignés, ni sur les formats, ni sur les prix des livres numériques. Facile de râler après).
 
Le format le plus utilisé pour les livres numériques est le format ePub, sauf par Amazon, qui a choisi un format propriétaire qu'il est le seul à vendre (azw), et qui n’est lisible que par son reader, le Kindle.  Amazon vend tout plein d’ebooks, mais seulement au format azw, donc si vous avez un Kobo ou une Bookeen ou une Sony (ou autre) qui lisent le format ePub, vous ne pourrez pas acheter sur Amazon (mais partout ailleurs !). Bon, je vois venir les geeks, il y a un excellent logiciel libre qui s’appelle Calibre, qui se télécharge en deux clics, qui convertit tous les formats, et qui gère à merveille vos bibliothèques numériques (je l’utilise).
Le Kindle lit son format propriétaire mais ne lit pas les ePub. Si vous achetez un ePub ailleurs, vous devez d’abord le convertir en format mobi avec Calibre, mobi étant le format d’Amazon sans DRM. (azw étant du mobi avec DRM, du verrouillé de chez verrouillé, sauf pour les geeks qui savent faire sauter les protections, mais là on bascule dans le piratage, l’illégal, etc.)
Mais le catalogue d’Amazon étant gigantesque, et à présent assez achalandé en français aussi, si lire, boire, manger, enrichir Amazon et Amazon seul ne vous pose aucun problème, foncez, le Kindle est fait pour vous.
C’est ce que je me suis dit un temps, avant de faire marche arrière. Car entre temps, Amazon a sorti son Kindle 4 en France, le dernier modèle à 99 euros, pas cher, mais avec moins d’options que les modèles précédents : pas de tactile, pas de clavier, pas d'audio. La liseuse est monotâche, rappelez-vous.  Et le clic sur le site à 99 euros était tentant. Mais pour avoir testé un peu par hasard un modèle non tactile de chez Bookeen, j’ai réalisé que j’avais vraiment le réflexe tactile, sans doute à cause de mon téléphone (qui n’est pourtant pas de la marque à la pomme mais un vieux LG de Mathusalem) et qu’un modèle comme le Kindle 4, non tactile, ne me conviendrait pas. (De plus imaginez quand vous voulez annoter un truc, utiliser un clavier virtuel uniquement avec des flèches directionnelles ! Maintenant annotez-vous vraiment vos ebooks ? Pas forcément, on est bien d'accord)
A cette étape de l’histoire, j’hésitais entre la Sony PRS-T1 conseillée par fiston (modèle tactile, format ePub largement répandu, 149 euros, vendue en France sur le site de Sony, ou sur le site des magasins Boulanger ou Darty, pour la trouver physiquement, elle se vend uniquement dans les magasins Darty) et le Kindle touch sur Amazon.com, donc pas le dernier modèle sorti en France mi octobre. Le reader store de Sony (pour l’achat d' ebooks) n’est pas encore ouvert pour la France, (il est annoncé pout le printemps 2012, ce qui n’est plus si loin) mais on peut acheter partout ailleurs (sauf chez Amazon pour incompatibilité de format propriétaire et verrouillé, vous suivez ?)
Mais le site Amazon, c’est quand même drôlement pratique hein. Alors j’ai essayé de commander le Kindle touch sur le site américain. Qui a refusé de me le vendre, car ils venaient de sortir le Kindle 4 en France, je devais donc me tourner vers le site français et acheter le modèle qu’on m’autorisait à acheter, pas celui que je voulais. J’aurais pu passer par des sites revendeurs en Allemagne et en Suisse, mais quid ensuite de la garantie, du SAV en cas de problème, là, j’ai commencé à voir rouge : eh bien puisqu’Amazon ne veut pas me vendre ce que je veux et puisqu’il ne fait que du format propriétaire avec DRM, il se passera de moi. (Je vous rassure pour lui : une cliente de plus ou de moins, ça va pas changer sa suprématie). Je veux être libre, d’acheter mes ebooks sur les sites que je veux, et dans le format que je veux, avec ou sans DRM (beaucoup sont sans DRM, juste tatoués en filigrane, voir le site publie.net par exemple)
Pendant mes congés, je suis allée tester en magasins. Fiston excluait d’emblée le Kobo de la Fnac sans que je sache vraiment pourquoi (autrement qu’en me répondant que ce que fait la Fnac est nul, je n’appelle pas ça un argument convaincant) et me ramenait toujours au PRS-T1 de chez Sony.
Je suis allée à la Fnac. Comme toujours je suis tombée sur des machines qui ne marchaient pas. Quand j’ai enfin pu trouver un Kobo qui fonctionnait, je l’ai trouvé très peu réactif. Mouais. Et bien sûr ça renvoyait au site de la Fnac pour acheter ses ebooks, alors que Feedbooks, epagine, numilog, ebooksurf, et des tas d’autres sites font la même chose. On était dans la même logique fermée d’Amazon. Je ne regrette pas d’avoir laissé de côté la Fnac avec la polémique qui a vu le jour à Noël : d’heureux propriétaires de Sony et Bookeen ont acheté leurs ebooks à la Fnac (puisque format ePub) mais ce que la Fnac ne disait pas (ou alors c’était bien caché quelque part), c’est que leurs ePub étaient verrouillés par des DRM propres au Kobo, et donc lisibles seulement par leur Kobo. Pour celui qui se dit le premier libraire de France, ça fait désordre. Les clients malchanceux ont bien sûr été remboursés, je ne sais pas s’ils ont modifié leurs fichiers depuis, mais voilà qui n’aide pas à la confiance.
Je suis allée chez France Loisirs, la Oyo est leur modèle propre, appartenant à la chaîne Chapitre.com (et renvoyant donc à leur site), bon, c’est du basique, je ne sais même plus si elle est tactile. Là encore, je n'aime pas l'idée qu'on m'attache à une librairie en particulier.
Je suis allée chez Darty (parce qu’au passage, je trouve aussi scandaleux que depuis que Fnac et Amazon ont sorti leur modèle, ils ne vendent plus ceux de Bookeen et Sony, par contre ils continuent à vous vendre des télés ou des appareils photos Sony, allez comprendre )
Et là, j’ai testé plein de liseuses de chez Sony et de chez Bookeen, et même d’autres moins connues, tranquille toute seule dans le rayon, la foule était sur les tablettes ou à la Fnac ;-) Et côté réactivité, rapidité, poids, usage intuitif, efficacité du tactile, oui, la dernière Sony me plaisait bien. Mais voilà, côté look, elle avait quand même ce côté plastique brillant tout autour pas très classe, par rapport au métal façon alu brossé des autres. Je n’ai rien acheté ce jour-là, mais vous l’aurez compris, je l’ai commandée en ligne quelques jours plus tard.
 
Qu’est-ce que j’en pense ?
- Quitte à prendre du plastique brillant, soyons fous, je l’ai choisie rouge alors que j’avais d’abord exclu ce coloris ( !) (Elle existe en noir ou en blanc aussi)
- Vu le prix, ils pourraient au moins offrir un étui basique même moche car il n’y a rien pour la protéger dans son sac à main ou un bagage. Même reproche pour Kindle d'ailleurs. Et les étuis de la marque sont chers, même reproche pour Kindle.
- Il n’y a pas d’espace prévu pour ranger le stylet, c’est ballot, en même temps, vu que les doigts suffisent pour le tactile, le stylet n’est pas vraiment utile. D’ailleurs je ne l’utilise pas.
- A ceux qui disent que l’écran brille à cause du tactile et que les doigts laissent des traces de gras : bah je ne mange pas des frites en même temps et je n’ai pas de problème de reflets, je suis même assez épatée par le rapprochement que l’on peut faire avec le papier. A ceux qui disent qu'on déclenche le tactile trop facilement, par une écharpe qui passe dessus ou une main qui empoigne la liseuse trop vite, oui, ça peut arriver, mais pas tant que cela, n'exagérons pas. Et rien n'empêche d'utiliser les boutons du bas au lieu du tactile.
- Où j’achète mes ebooks ? Pour le moment sur Feedbooks, publie.net, epagine, numilog, ebooks.com, et pour les gratuits, sur le site de la bibliothèque électronique du Québec qui offre une excellente qualité de mise en forme des fichiers sans coquilles au kilomètre.
- Est-ce que c’est bien ? Comme tout ceux qui ont basculé, oui, je ne reviendrai pas en arrière pour les livres que je pourrai désormais acheter en numérique, et pour tous les PDF professionnels un peu longs (genre les études des Ministères) que je ne lis jamais in extenso sur mon ordinateur. Je dis « pourrai » car là aussi, la fréquentation des forums m’a montré que la plupart des acquéreurs de liseuses n’ont pas compris que : ce ne sont pas les sites de vente qui choisissent ou non de proposer une version numérique, ce sont les éditeurs, et que beaucoup d’éditeurs français ne le font pas encore, et que si l’achat de livres numériques passe par le téléchargement, téléchargement ne veut pas dire gratuit (on voit bien là ceux qui ont pris des mauvaises habitudes avec le cinéma ou la musique), et que oui, les livres numériques français sont chers. Mais là encore, ce ne sont pas les sites de vente qui le décident, mais les éditeurs. Rappelons aussi que la TVA du livre numérique a été alignée sur celle du livre papier : 7%, contre 19,6 % avant le 1er janvier. (Même si pour le moment, on ne voit pas encore la baisse appliquée sur les sites! un problème avec l'Europe semble-t-il?) On pense que ça va évoluer dans le bon sens, forcément (élargissement de l'offre, baisse des prix). Alors quand je vois les messages déçus des fans de best-sellers qui ne trouvent par leur came ou alors à un prix qui ne leur convient pas, que voulez-vous répondre à part que Kindle n’a jamais signifié gratuit pour tout !
 
Enfin l’un des effets collatéraux des liseuses, c’est que les gens cherchant d’abord du gratuit, ils téléchargent kyrielle de classiques tombés dans le domaine public (auteurs morts depuis plus de 70 ans, en France du moins), et que lire Flaubert ou Proust plutôt qu’une daube survendue, ça peut pas faire de mal ? et que les dictionnaires intégrés dans les liseuses (12 différents dans Sony), ça peut encourager à lire en VO plus facilement, ce qui ne peut pas faire de mal non plus.
 
 Vous l'aurez compris, j'ai donc une préférence pour les modèles qui n'ont pas une stratégie de communication qui enferme, pour autant je suis certaine aussi que beaucoup d'utilisateurs de Kindle et Kobo en sont fort satisfaits. Je pense simplement qu'il faut faire son choix en connaissance de cause, ça évite les déceptions. Vous n'aurez sans doute pas appris grand-chose sur l'usage d'une liseuse, ses options de surlignement, d'annotations, de recherches sur Google ou Wikipédia à tout moment, tout cela est tellement intuitif et simple à l'usage et de toute façon bien expliqué sur les articles comparatifs qu'on trouve en ligne que je n'allais pas développer.
Ce qui m'a frappée au départ, c'est l'absence de repère physique que l'on peut avoir avec un livre papier : on ne sait pas visuellement où l'on en est dans la lecture, si la fin du chapitre est proche ou pas, comme on le voit immédiatement sur un livre papier. Là encore c'est une habitude à prendre, la pagination est toujours affichée à l'écran (par un n° de page sur Sony, par un pourcentage d'avancement sur Kindle), et vous pouvez à tout moment aller où vous voulez , avec le curseur, ou par la table des matières, ou en tapant un n° de page précis. Et puis 168 g en main quand on lit au lit, c'est un vrai plus !


Je laisse ouverts les commentaires mais là aussi autant prendre les devants, je ne répondrai pas à ceux qui m'accuseront de tuer un peu plus les libraires, je reste une de leurs fidèles clientes, et le monde étant ce qu'il est, je ne vais pas porter à moi seule toutes ses misères sur mes épaules.
Et puis c'est idiot à dire (mais plus rien ne m'étonne) : un roman qui était nul en version imprimée le sera tout autant en version numérique, ne prêtons pas à l'ebook des qualités qu'il n'a pas ! La seule différence, c'est que vous serez un peu moins triste d'avoir payé votre daube 3,99 € grâce à la politique incitative de l'éditeur plutôt que 22 € dans sa version brochée. On a les consolations qu'on peut. Même si je suis bien d'accord, contrairement au papier, on ne peut pas le revendre, dommage. Et pensez aux déménageurs qui vous remercieront quand ils n'auront plus vos 3752 bouquins à porter …

 

 

DSC03188.JPG

 

DSC03191.JPG

 

DSC03205.JPG

DSC03201.JPG

 

DSC03202.JPG

(oui faut pas que j'oublie les réabonnements urgents à l'ami des jardins et à guide cuisine, et hermary vieille parce que j'ai attrapé le premier bouquin qui traînait sur mon bureau)

DSC03203.JPG(liseuse sur livre, voyez l'épaisseur)

 

et sans oublier la fonction préférée de mes enfants : le bloc notes manuscrit, ci-dessous dessin de fiston lors du premier test :

DSC03197.JPG

Voir les commentaires

Coucous Bouzon - Anouk Ricard

12 Janvier 2012, 14:38pm

Publié par Laure

coucous bouzonDésopilante BD qui se moque avec joie de certaines méthodes de management ! Tous les personnages ont des têtes d'animaux, mais les situations sont bien celles du monde de l'entreprise, des relations au chef et aux collègues. Richard est embauché chez Coucous Bouzon, une fabrique de coucous suisses et autres pendules, son entretien d'embauche est assez surréaliste : sait-il toucher ses pieds en gardant les jambes tendues ? non, tant mieux car son patron non plus. Il salue le poisson rouge mort dans son bocal, il doit apporter son propre ordinateur, et il n'est pas au bout de ses surprises : il remplace un collègue qui a disparu, et qu'une émission de télé-réalité essaie de retrouver... Dans quelle galère Richard a-t-il mis les pieds ?
Drôle, totalement absurde dans bien des cas, dessin coloré simple et efficace, pseudo enquête, chef complètement barjot, vous en redemanderez !

 

Gallimard, coll. Bayou, septembre 2011, 91 pages, prix : 16 €

Etoiles : stars-4-0__V7092073_.gif

Crédit photo couverture : © Anouk Ricard et éd. Gallimard

 

 

Voir les commentaires

Trop loin la mer - Frédérique Niobey

11 Janvier 2012, 10:04am

Publié par Laure

trop-loin-la-mer.jpgDepuis que son père a refait sa vie, Rosa n’y trouve plus sa place et ne cesse de fuguer. Son père l’a décidé, avec l’aide des services de l’aide à l’enfance, elle va être placée en famille d’accueil. L’extraire de son milieu familial pour lui faire du bien, pensent-ils tous. C’est ainsi que Rosa débarque au milieu de nulle part, dans un village perdu du Périgord, chez Mame et Sid, qui accueillent des ados comme elle dans leur maison baptisée « Le lieu de vie ». Rosa fait la connaissance de Sister, une autre ado, et de trois garçons placés là comme elle. Malgré toute leur bonne volonté, elle refuse de se lier à eux.

Elle reste rebelle, refuse de s’intégrer, cherche constamment le conflit. Seules les errances au bord de la Dordogne l’apaisent un peu, de même que les rencontres avec Mona, une jeune du village. Mais les parents de Mona désapprouvent cette « mauvaise » fréquentation.

On est sur le fil en permanence dans ce roman, avec une violence sourde qu’on sent gronder, tapie à l’intérieur, tout près d’exploser, le texte est âpre pour décrire le mal-être de Rosa, une violence et une rébellion qui cachent une grande détresse et tristesse aussi, juste un énorme besoin de sentir aimée. Quant au pourquoi du titre, trop loin la mer, vous le découvrirez sur la fin de l’histoire.

Ce texte m’a souvent fait penser au roman de Maud Lethielleux, « tout près le bout du monde », de par le thème abordé, car le style est très différent. Ici l’auteur a très bien réussi à retranscrire cette violence qui enfle, l’agitation intérieure sans repos, laissant au lecteur le sentiment que tout va basculer, car malgré la présence de l’eau (qui libère ?), l’atmosphère est étouffante, sombre et pesante pour le lecteur. Les tensions s’allègeront par une lueur d’espoir qui fait du bien, un dénouement peut-être un peu trop simple, mais sans doute espéré de tous.

 

Rouergue, coll. DoAdo, octobre 2011, 136 pages, prix : 10 €

Etoiles : stars-3-5__V45687331_.gif

Crédit photo couverture : © Dorothy-Shoes et éd. du Rouergue

 

Voir les commentaires

Les morues - Titiou Lecoq

9 Janvier 2012, 15:35pm

Publié par Laure

 

les-morues.jpg« C'est l'histoire des Morues, trois filles et un garçon, trentenaires féministes pris dans leurs turpitudes amoureuses et professionnelles. » Cette première phrase issue de la quatrième de couverture résume bien le livre. Ema assiste à l'enterrement de Charlotte, son ex meilleure amie qui s'est suicidée. Elle peine à croire à la thèse du suicide, et va se pencher sur l'enquête journalistique que menait Charlotte : un projet sur la RGPP, la réforme générale des politiques publiques, notamment ici dans le domaine des musées. Prétexte plus que réel fil rouge du roman, cet aspect est malheureusement assez vite écarté (passées quelques idées prêtes à penser) pour s'attarder davantage sur le mode de vie des Morues, la place d'Internet dans leur vie, leur branchitude parisienne et beaucoup de beuveries en cerises sur le gâteau.

Bon reflet d'une bande de trentenaires modernes qui se comportent en ados attardés, qui repoussent les responsabilités et flirtent avec un vide sentimental et un vide tout court. Ils se laissent porter, refusent d'assumer les conséquences de leurs actes, ont peur de s'engager, etc.

Roman écrit sans véritable style (à la va comme j'te cause) et aux propos parfois limite vulgaires, il s'inscrit par ce biais-là aussi dans ce concept « moderne » qui se voudrait reflet de la société. Il se révèle hélas un peu trop brouillon, trop de pistes soulevées ne trouvent pas la suite qu'elles méritent, un peu trop de confusion et de légèreté qui peut faire pencher la balance du côté de la superficialité. Ce n'est pas un grand roman, il se lit néanmoins très bien et sans prétention, mais il s'oublie tout aussi vite.

 

 

Au diable vauvert, août 2011, 472 pages, prix : 22 €

Existe en livre numérique (ePub, Kindle) au prix de 3,99 €, démarche éditoriale à souligner en ce qui concerne le prix.

Etoiles : stars-2-5__V7092076_.gif

Crédit photo couverture : ©éd. Au diable vauvert

Voir les commentaires