Les jardins d'Hélène

L’eau de rose – Christophe Carlier

17 Janvier 2019, 15:43pm

Publié par Laure

Sigrid, femme entre deux âges, arrive en Grèce à la fin de l’été, à la villa Manolis pour des vacances et y écrire son nouveau roman, car un écrivain ne prend jamais vraiment de repos.

 

Le roman alterne donc entre la romance en construction de Sigrid, et ce qu’elle vit elle-même à l’hôtel, son attirance et sa fascination pour Gertrude, notamment, une jeune et belle voyageuse.

 

Si la lecture est aisée et agréable, j’ai peiné à voir où l’auteur voulait réellement en venir.

 

Je préfèrerais presque le manuscrit en train de s’écrire, roman à l’eau de rose très codifié, au récit de l’héroïne romancière aux préoccupations assez proches de celles de ses personnages. L’écriture adoptée par Christophe Carlier est assez similaire tant dans sa partie romanesque (vie de Sigrid) que dans sa partie « manuscrit » (le roman qu’écrit Sigrid), est-ce à dire qu’un bon auteur choisit un style et s’y tient ? que la frontière entre vie et fiction est assez fragile (même si l’ensemble est bien une fiction) ? C’est bien ce projet ou cet objectif qui m’échappent… Dommage.

 

 

 

 

Extraits (pagination numérique) :

P. 10/207 : « Depuis plusieurs années, elle s’était vouée à la littérature sentimentale. Faute d’appartenir à la race dorée des auteurs à succès qui collectionnent les prix et campent à la télévision, elle se cantonnait à un genre mineur, le roman rose, décrié mais indispensable à notre époque où le rêve est rare. »

 

P. 33/207 : « Sigrid n’avait pas eu la vocation du roman rose. Elle s’en était rapprochée au fil des ans, à mesure qu’elle s’installait dans le célibat.

Si mariage et romance font mauvais ménage, la solitude prédispose à la rêverie et au travail. Couchée tôt, levée à l’aube, elle avait peuplé ses manuscrits de personnages fougueux et tendres. Sa vie lui apparaissait comme un fruit sec dont elle avait tiré un jus délicieux. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Du même auteur : l'assassin à la pomme verte

 

 

Phébus, janvier 2019, 240 pages, prix : 18 €, ISBN : 978-2-275291173-5

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Phébus

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La maison de Célia – Javier Martinez et Mariana Ruiz Johnson (ill.)

10 Janvier 2019, 15:51pm

Publié par Laure

Célia aime beaucoup sa maison, son escalier sur lequel dort son ours en peluche, les balançoires de son jardin, les tuiles du toit qui luisent quand il pleut, mais voilà, celle-ci lui annonce que ce sera bientôt fini (eh oui cette maison aux grands yeux sur son toit parle à la fillette). Son père lui explique alors pourquoi, car sa maman a trouvé un travail ailleurs.

 

Et c’est le grand bal des déménageurs entre camion et cartons. Au début Célia n’aime pas trop sa nouvelle maison mais elle y construit assez vite de nouveaux repères. Et quand son père l’emmène revoir l’ancienne maison pour des détails à voir avec les nouveaux propriétaires, elle est heureuse de voir qu’une autre famille avec d’autres enfants y ont pris leurs marques.

 

Un bel album tout simple sur le déménagement, pour accompagner si besoin les enfants qui s’apprêtent à en vivre un ou souffrent un peu d’un changement récent. Mais nul besoin d’être concerné par le thème pour prendre plaisir à le lire.

 

J’aime beaucoup le dessin très coloré et cubique de Mariana Ruiz Johnson !

 

 

 

 

 

(dès 3 ans)

 

 

Nathan, juin 2018, 34 pages, prix : 11,50 €, ISBN : 978-2-09-258045-5

 

 

 

Crédit photos : © Mariana Ruiz Johnson et éd. Nathan

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La dédicace – Leila Bouherrafa

7 Janvier 2019, 12:18pm

Publié par Laure

Une parisienne hypocondriaque (la nuit seulement) et dont on ne connaîtra jamais le prénom s’apprête à publier son premier roman. Son éditrice lui demande de choisir la dédicace : elle est prise de cours. Elle se donne trois jours pour trouver qui elle aime suffisamment pour lui dédier son roman, trois jours pendant lesquels elle observe ce qui se passe autour d’elle. Il en ressort un certain désespoir : la solitude des grandes villes est omniprésente, envahissante et déprimante.

 

Du roman écrit et de son contenu il ne sera jamais question, le sujet n’est pas là, mais bien dans l’observation de ce quotidien banal d’une jeune femme seule, qui a peu de liens avec sa mère et pas vraiment d’amis. Même ses voisins, elle ne les connaît pas vraiment. De cette banalité naît une réflexion (que le lecteur se fera, elle n’est pas exprimée plus que cela) sur la solitude, le temps que l’on ne prend pas à regarder vraiment les gens et ce peu de temps qu’on pourrait leur offrir pour que la vie change.

 

Un premier roman assez désenchanté, avec quelques pointes d’humour et d’ironie, parfois de sarcasme, qui interroge sur la réalité de nos vies prétendument trop remplies. Une façon originale de traiter ce thème. L’épilogue livrera le choix de la fameuse dédicace.

 

 

 

Pour lire le premier chapitre : sur le site de l'éditeur

 

 

 

Extraits (pagination numérique) :

 

P. 25/185 « Mon studio se trouve juste au-dessus du square Léon-Serpollet ce qui veut dire que la journée il grouille d’enfants et le soir de clochards. Dans les deux cas, j’ai une vue imprenable sur des êtres qui titubent et n’ont pas choisi leur vie. »

 

P. 34/185 « Le genre d’hommes à te dire « ma belle » quand tu passes et « salope » quand tu penses. »

 

P. 75/185 : « La différence fondamentale entre Alice et moi, c’est que j’ai toujours trouvé plus de plaisir à me faire pénétrer par un regard que par un sexe. Et elle, c’est l’inverse. Chaque fois que nous sortions ensemble, Alice finissait par connaître des hommes la taille de leur membre et moi le prénom de leur sœur. Je n‘ai pas le plus mauvais rôle. Loin s’en faut. Je sors toujours de la nuit ragaillardie alors qu’Alice en sort la plupart du temps déconfite, comme un fruit qu’on aurait fait tomber par terre et sur lequel on aurait marché par inadvertance ».

 

p. 87/185 : « Je n’ai jamais compris cette différence entre les mères et les putes. A mes yeux, les mères ne sont que des putes qui ont eu une césarienne. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Allary éditions, janvier 2019, 290 pages, prix : 18,90 €, ISBN : 978-2-37073-263-7

 

 

 

Crédit photo couverture : © Allary éditions

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Hôzuki – Aki Shimazaki

3 Janvier 2019, 10:25am

Publié par Laure

Hôzuki est le deuxième volume de la pentalogie « l’ombre du chardon ». Après Azami, où l’on assistait au délitement du couple de Mitsuo Kawano et de son épouse Atsuko, celle-ci partait s’installer à la campagne, tandis que lui fréquentait Mitsuko Tsuji, une entraineuse travaillant dans un bar le vendredi soir, on retrouve dans ce deuxième tome l’histoire de Mitsuko.

 

Elle tient une librairie d’occasion spécialisée en philosophie, tout en arrondissant ses fins de mois au bar. Elle élève seule son fils Tarô, sourd de naissance. Tarô a sympathisé avec la fille d’une cliente, leur attirance est aussi surprenante qu’immédiate.

 

Mitsuko a toujours menti à sa mère et à son fils : c’est un enfant abandonné qu’elle a adopté, et non la triste histoire de père espagnol mort avant sa naissance qu’elle se plait à raconter.

 

Ce secret sera dévoilé plus amplement, ainsi qu’un second bien troublant. Le roman aborde bien sûr la question de la filiation et de l’amour maternel, avec finesse et subtilité.

 

 

Si j’aime toujours autant l’écriture d’Aki Shimazaki, délicate, apaisante, concrétisant bien l’image que l’on peut avoir de la discrétion japonaise, j’ai trouvé ce titre un peu moins réussi que d’autres de ses pentalogies. Plus banal dans l’intrigue déroulée, plus plat sur une bonne partie du récit. Seule la fin s’emballe et apporte de nouveaux éléments, qui ne suffisent pas à convaincre. Mais j’aime toujours autant l’idée d’une histoire déroulée à travers différents points de vue au fil des volumes, et il me tarde de découvrir Suisen, le troisième tome de la série.

 

 

 

Ed. Leméac / Actes Sud, mars 2016, 141 pages, prix : 14,50 €, ISBN : 978-2-330-05716-9

 

 

 

Crédit photo couverture : © Mandy Disher Photography / et éd. Leméac / Actes Sud

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Retour sur l'année 2018 en lectures

31 Décembre 2018, 18:40pm

Publié par Laure

(Image kitch trouvée sur le net mais libre de droits)

(Image kitch trouvée sur le net mais libre de droits)

Ah les fameuses statistiques annuelles des blogueurs lecteurs ! Je pourrais écrire quasiment la même chose d’une année sur l’autre, la première étant que ça ne sert pas à grand-chose d’avoir lu 135 livres si je ne me souviens même pas d’une dizaine d’entre eux…

 

135 livres donc, parmi lesquels :

  • 40 romans français
  • 12 romans étrangers
  • 6 polars / thrillers
  • 1 nouvelle de SF (la pauvre)
  • 11 essais / docs
  • 38 BD adultes
  • 3 BD ados
  • 9 BD jeunesse
  • 10 romans ados
  • 5 romans jeunesse

 

Il va de soi que je ne compte pas les albums et autres livres jeunesse très courts que je lis pour mes accueils de classe au travail.

 

Ces 135 livres représentent 27 110 pages, et si je les avais achetés, j’aurais déboursé 2350 euros et 48 centimes. Mais par la magie des bibliothèques essentiellement, je n’ai dépensé pour ces lectures que 44 euros chez les libraires manceaux.

Donc oui les livres coûtent cher mais on peut lire gratuitement ou presque.

 

Sur ces 135 livres, seuls 8 ont eu la douce note de 5 étoiles. Bon, c’est kif-kif bourricot, 24 autres ont eu 4 étoiles ½, et va savoir, un autre jour à une autre heure, ils en auraient peut-être eu 5.

 

 

Alors voici pour moi les meilleurs romans lus cette année :

(l'image est cliquable quand elle renvoie à un billet)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et les meilleures BD lues cette année :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et pour les très curieux, le tableau complet de mes lectures 😉

 

 

Les jardins continuent, toujours pas désherbés, la peinture toujours pas refaite, mais on ne va pas chipoter, ceux qui me connaissent bien savent que la déco ne m’importe aucunement. Le plaisir des univers fictionnels en revanche… allez bonnes lectures à venir les gens !

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Décembre 2018 en couvertures ...

31 Décembre 2018, 09:59am

Publié par Laure

En décembre j'ai lu :

(et très peu chroniqué)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En décembre, j'ai vu :

 

 

En décembre, j'ai écouté :

 

 

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Einstein, le sexe et moi – Olivier Liron

24 Décembre 2018, 15:02pm

Publié par Laure

Extrait p. 23 : « J’ai eu un parcours d’élève modèle. Baccalauréat à 17 ans, classe préparatoire littéraire à 18 ans, entrée à l’Ecole normale supérieure à 20 ans. Agrégé à 23 ans. Enseignant à la Sorbonne à 24 ans. Julien Lepers à 25 ans. Dépucelage à 26 ans. Dépression à 27 ans. Mais c’est une autre histoire. »

 

Le ton est donné, notre candidat est doué et ne manque pas d’humour, dont il use avec parcimonie, au détour d’une phrase, l’air de ne pas y toucher, mais il fait mouche. Il a aussi cette particularité qu’il explique en préambule : il est autiste Asperger. S’il peut apprendre tout Wikipédia sans problème, il a plus de mal à en groupe.

 

Olivier Liron raconte dans ce bref et plaisant roman sa participation au jeu de Questions pour un champion animé par Julien Lepers, tout en revenant, au fil de ce que lui évoque une question, sur des passages de son enfance : l’im-(é)-migration de sa mère, la violence scolaire dont il fut victime, ses premières amours maladroites … et bien sûr il raconte l’émission avec un tel suspens et une telle hargne qu’on ne peut que lire le roman d’une traite : même si l’on se doute de l’issue, la tension y conduit en quasi apnée, et qu’est-ce que c’est bon !

 

 

Un roman original et drôle par son observation de soi et des autres.

 

 

P. 58 : « J’ai vu le regard de Julien Lepers et j’ai su que c’était bon. Julien a rugi comme un lion affamé par des années de quinoa » »

 

 

(Dans ma mémoire émotionnelle, je regardais Questions pour un champion avec ma grand-mère quand j’étais en vacances chez elle. Mais elle est morte pendant la guerre du Golfe et il y a longtemps que je n’ai plus l’âge de l’enfance. Vérification faite, cette émission a débuté en 1988, j’avais donc 14 ans et ça fait partie de mes bons souvenirs de jeunesse !)

 

 

 

Lu dans le cadre de ma participation aux 68 premières fois :

 

 

 

Alma éditeur, septembre 2018, 195 pages, prix : 18 €, ISBN : 978-2-36279-287-8

 

 

 

Crédit photo couverture : © Alma éditeur.

 

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Novembre 2018 en couvertures ...

1 Décembre 2018, 14:59pm

Publié par Laure

En novembre j'ai lu :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En novembre, j'ai repris les séries, en replay télé surtout :

 

Ad vitam (Arte)
saison 3
adapté du roman de Nicolas Mathieu

 

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Deux petits ours - Ylla

20 Novembre 2018, 14:09pm

Publié par Laure

Paru en 1954, cet album est une réédition du seul livre entièrement réalisé par Camilla Koffler, dite Ylla. Photographe, spécialisée dans la photographie animalière, elle a surtout confié des photos à d’autres auteurs. (Une postface de Laurence Le Guen explique son parcours).

 

Deux petits ours est un album documentaire délicieusement désuet, mais dont les photos en noir et blanc de ces deux oursons sont toujours aussi belles et attendrissantes. La qualité du papier, la couleur, la texture, la mise en pages participent de la réussite de l’ensemble.

 

Observation, attente, scènes de jeu ou de repos, construction en lien avec le texte (ces petits filous vont passer la journée à s’amuser et se perdre au lieu d’écouter sagement leur mère à qui ils ont promis bien sûr de ne pas bouger !)

 

 

Décalé mais intemporel, un grand bravo aux éditions MeMo pour ce choix, et un grand merci à mon libraire qui me l’a conseillé ! J’étais sceptique mais j’ai adoré et je ne cesse de le proposer depuis !

 

 

 

Éditions MeMo, mars 2018, 40 pages, prix : 16 €, ISBN : 978-2-35289-379-0

 

 

 

Crédit photo couverture : © Ylla et éd. MeMo

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L’esprit de la forêt – Astrid Desbordes et Marc Boutavant (ill.)

19 Novembre 2018, 13:48pm

Publié par Laure

Neuvième album déjà dans la série d’Edmond et ses amis, c’est toujours un plaisir de les retrouver !

 

Cette fois, Edmond l’écureuil et ses amis Georges Hibou et l’ours Edouard sont réveillés à l’aube par un bruit de marteau, qui semble provenir de la rivière. Mais quel est donc ce cube étrange qui a poussé pendant la nuit ? C’est Jack le chat qui s’est construit une maison « technique, pratique, cubique, techno… » ça va on a compris l’interrompent ses amis. Mais pour ce faire il a rasé un vieux saule, au diable les vieilleries, il faut être moderne dans la vie !

 

La nature ne l’entend pas de cette façon et il faudra faire face au déchainement de la tempête. Et c’est en lisant la grande encyclopédie de la nature qu’Edmond va lui expliquer à quoi servait le saule, et le grand esprit de la forêt (taquin) va faire promettre à Jack de retenir la leçon !

 

Une belle petite histoire pour initier les plus jeunes à la nécessité de préserver la nature.

 

Toujours aussi colorée, un peu plus sombre et grave, cette histoire n’oublie pas pour autant la force de l’amitié et l’entraide. A lire sans hésiter !

 

(dès 3 ans)

 

 

 

Nathan, novembre 2018, 32 pages, prix : 7,95 €, ISBN : 978-2-09-257638-0

 

 

 

Crédit photo couverture : © Marc Boutavant et éd. Nathan

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