Les jardins d'Hélène

Ma mère du Nord - Jean-Louis Fournier

30 Septembre 2015, 18:07pm

Publié par Laure

Jean-Louis Fournier avait déjà écrit sur son père, sur la mère de ses enfants, sur ses deux garçons handicapés, sur sa femme, sur sa fille, il ne manquait plus que sa mère. C'est fait à présent, dans un texte bref et plein de tendresse, qui intercale des annonces de météo marine, de descriptions de photos, et de récits de leur vie. Combien sa mère s'est effacée et a porté sa famille à bouts de bras, combien elle a souffert de son mari alcoolique, mais combien elle aimait ses enfants derrière son apparente froideur. D'ailleurs, l'auteur a bien failli appeler son livre « la mère est froide », « mais elle n'était pas que cela ».

Ce petit opus se lit sans déplaisir, et ce que j'en retiens, c'est une tendresse joliment exprimée pour une mère défunte. Jean-Louis Fournier a peut-être ainsi bouclé la boucle de ses récits familiaux.

 

 

 

 

p. 123 : « Elle ignorait qu'elle avait été la plus grande chance de ma vie. Je n'ai pas osé le lui dire, elle m'avait appris à taire mes sentiments. »

 

 

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Stock, septembre 2015, 198 pages, prix : 17,50 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : éd. Stock.

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Je rachète ou pas ? (les cosmétiques du mois # septembre 2015)

30 Septembre 2015, 13:32pm

Publié par Laure

Je rachète ou pas ? (les cosmétiques du mois # septembre 2015)

9 produits terminés en ce mois de septembre, un bon rendement ? (on s'en moque à vrai dire totalement)

 

Commençons par les gels douche :

  • Le gel douche crème DOP au parfum de quatre-quarts au citron, dans la collection "douceurs d'enfance", autour de 2 € en grande surface : acheté pour mon ado de fille (toutes les Youtubeuses beauté en parlent !!), je l'ai utilisé un peu aussi : même verdict que ma fille : le parfum est très réussi dans l'imitation olfactive du gâteau qui sort du four (plus gâteau que citron d'ailleurs), mais se révèle assez vite écoeurant. Alors une fois de temps en temps pourquoi pas, mais au quotidien non. Je ne rachèterai pas, pas plus que les autres parfums de la gamme, d'autant que pour les avoir sentis vite fait, celui-ci semble le plus réussi, avec celui à la madeleine, fort ressemblant.

 

  • Le gel douche gommant rafraichissant en édition limitée de chez Yves Rocher, au parfum citron basilic, aux grains de fruits 100 % naturels. Formule très liquide, très légèrement gommante (prévue pour un usage quotidien), assez fraiche pour l'été, mais on s'en lasse vite. Sent bien plus le citron que le basilic. Edition limitée donc on ne se pose pas la question du rachat, mais je n'ai pas plus envie que cela de tester les autres senteurs de la gamme.

 

 

 

Les déos à présent, ceux de fifille encore, qui part chez son père un week-end sur deux, et pour qui les formats compressés sont plus pratiques dans la trousse de toilette, mais qui une fois encore ont fini dans ma salle de bain, sans doute parce qu'on ne les aimait pas beaucoup !

 

  • Le déo compressé Mûre-Grenade, anti traces blanches, Auchan, 1 euro et qqs... Parfum gourmand (vite écoeurant) mais surtout, asphyxie assurée dans la salle de bain au moment de le vaporiser. On l'a fini histoire de ne pas le jeter, mais je ne le rachèterai pas. Le pire c'est qu'il était plutôt efficace sur la transpiration sinon.

 

  • Même problème avec le Dove classique, le parfum étant tout de fois bien plus neutre, ça sent le Dove quoi, mais on s'asphyxie vite, pourtant avec une utilisation raisonnable, sans excès.  Y a-t-il une concentration particulière dans les formats compressés, je n'en sais rien, mais ça rend l'usage désagréable, même fenêtre ouverte. Je me tourne donc à présent vers des formules plus safe côté respiration à l'utilisation !

 

 

 

  • Un vieux shampooing pour cheveux colorés de la gamme Brilliant brunette de John Frieda, celui-ci en version "nutrition". Hum, bof, bien décapant sur le moment (cheveux légers) mais qui regraissaient bien vite. Puis je suis restée longtemps sans faire de couleur, donc il a pris le calcaire sous la douche, j'utilisais d'autrs shampooings. Depuis que je suis revenue à la couleur, je suis aussi passée aux shampooings sans sulfates, et ça change tout sur la préservation de la couleur. Donc non je ne rachèterai pas.

 

  • Le soin visage Teint perfection Cellular éclat de chez Nivea, tube souple avec pompe scellée (pas de contact avec l'air), "fluide perfecteur de peau FPS15". Pas mal du tout ! je n'avais pas compris au départ qu'il s'agisssait d'un soin teinté (la crème sort blanche grisâtre, les "micro-pigments encapsulés" éclatent ensuite et révèlent la couleur.) Donc un peu trop foncé au tout début du printemps sur ma peau pâle, mais au fil des beaux-jours, un soin idéal deux-en-un qui évite de se maquiller par-dessus. Je pense le racheter, mais pour l'été uniquement. Pas vu d'effet sur l'action anti-rides annoncée, mais pas mal pour la promesse d'afiner les pores et de corriger les irrégularités du teint. Penser à bien se démaquiller le soir !

 

  • Un bain dissolvant de vernis de la marque Auchan, vous savez ces pots lancés par Sephora et copiés par tous depuis, vous trempez vos doigts un par un dans une éponge imbibée de dissolvant, c'est rapide et efficace, et on ne s'en met pas partout. Sauf qu'au bout d'un moment il faut jeter le truc, même s'il n'est pas vide, ce qui est le cas de celui-ci, mais il doit y avoir tellement de vernis colorés dissous dedans, que maintenant, si le vernis part, votre doit ressort aussi teinté et c'est horrible. C'est qu'il est grand temps de jeter le bidule, qui pour 3 euros et qqs a fait son job un bon bout de temps. Je rachèterai, inutile de mettre plus cher.

 

  • Et dans mes basiques incontournables, les papiers matifiants de la marque "Parashop", sans doute mes préférés avec ceux de Paul & Joe, parce qu'ils sont tès efficaces, non poudrés, et pas trop chers. Je les rachète régulièrement, rien de nouveau sous le soleil la pluie d'automne.

 

  • Et j'allais oublier la crème Jeunesse des mains de Clarins, un classique que j'achète peu du fait de son prix, mais que j'adore, pour sa texture, son parfum, son efficacité sur les mains et le contour des ongles. Ici en format sac à main, en tube de 30 ml, que j'avais acheté en ventes privées dans un coffret en lot de 3. Si je n'avais pas à me poser la question du budget, je rachèterais toujours la même sans hésiter !

 

 

 

Rendez-vous le mois prochain.... :-)

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Lire, vivre et rêver – Collectif sous la direction d'Alexandre Fillon

28 Septembre 2015, 19:53pm

Publié par Laure

Le titre, la couverture, et le projet initié par le journaliste littéraire Alexandre Fillon invitent tout amateur de lecture à découvrir ce recueil. Le journaliste a convié 21 écrivains à parler de leur lien à la librairie, de l'importance de ce(s) lieu(x) du livre dans leur vie.

 

Vingt et un auteurs confient donc leur rencontre avec un libraire ou un lieu, mais aussi de fait leur rapport au livre et à la lecture. Nul doute que cet ouvrage vous donnera envie de noter les titres cités par les uns et les autres !

 

Les premiers récits d'Olivier Adam et Dominique Barbéris (le classement est tout simplement alphabétique) font tout d'abord la part belle aux bibliothèques publiques, car avant de pouvoir fréquenter les librairies, ils ont d'abord été de grands lecteurs, enfants puis étudiants, qui n'avaient pas nécessairement le pouvoir d'achat qui va avec … l'achat en librairie justement.

Jean-Philippe Blondel nous apprend qu'il a rencontré celle qui est devenue sa femme dans une librairie. Nina Bouraoui et Arnaud Cathrine sont ceux dont j'ai le plus surligné de lignes dans leur texte. Pour d'autres, je suis passée plus vite. Ou les récits ne m'ont pas touchée, parfois trop historiques d'une maison ou d'un mouvement en particulier.

Catel et Jean Muller proposent en BD le récit familial de la librairie Gutenberg à Strasbourg.

 

J'ai aimé également l'humour et la lucidité de David Foenkinos, qui s'il se défend de faire un éloge mortuaire, est bien réaliste tout de même :

 

« Shafran n'échappe pas à la condition actuelle de nombreux libraires. On parlait avec lui de la fermeture récente de celle d'Emmanuel Delhomme, combattant passionné et passionnant dépourvu des mots maintenant. Jean-Paul n'est même plus certain de pouvoir continuer son association à l'avenir, et de faire venir des écrivains. L'intérêt pour les livres se réduit comme une peau de Shafran. Après tant d'énergie, il paraît lucide : « Si je ferme, on me pleurera deux jours. » Quand je voulais écrire sur lui, je pensais à tous nos bons moments, l'idée que la vie littéraire pouvait être une aventure festive, mais voilà que les derniers mois ressemblent à une agonie. Une agonie pudique et élégante. Une rupture en silence. Les librairies ferment souvent sans furie. C'est la fin d'une époque qui se dessine. Les gens lisent moins, et cela n'intéresse pas toujours les municipalités d'investir dans des manifestations littéraires. A quoi bon continuer ? Quelques irréductibles soutiens continuent de motiver cet Astérix des romans. Ce livre sur les libraires qu'on aime ne doit pas être l'éloge nostalgique d'un monde perdu. Allez faire un tour dans la librairie la plus proche de chez vous! Comme ça, tout de suite, histoire de voir que ça existe bien réellement. Et tâtez votre libraire. Physiquement. C'est toujours ça de gagné face au virtuel. » David Foenkinos, page 125

 

Et cette phrase de Nina Bouraoui que j'ai notée sans même voir qu'elle figurait sur la quatrième de couverture (je ne les lis jamais) :

p. 65 : « Les livres forment des ponts entre ceux qui les défendent et ceux qui les écrivent. Des ponts qu'aucune dynamite ne pourra faire tomber. Des ponts qui lient deux rives différentes, jamais opposées. »

 

p. 74 : « Ce que l'on vient chercher dans une librairie est souvent si intime qu'il me semble toujours impudique de devoir s'en ouvrir à quiconque, fût-ce à son libraire (je me soigne). Dans une librairie, pas le choix : nous sommes nous-mêmes, au plus près de nous-mêmes, déraisonnablement nous-mêmes. Une présence en librairie me semble aussi essentielle (pour soi) que délicate (à exposer). Comment parler d'un livre (le demander) sans se dévoiler ? » Arnaud Cathrine

 

p. 78 : « Qu'il soit lié à la question de la gestion des stocks ou pas, le boxon en librairie est une sublime invention : il y a là un trésor caché à découvrir (retour au Club des Cinq). » Arnaud Cathrine.

 

Alors avant qu'il n'y en ait plus, écoutons une fois encore les écrivains nous dire combien ils aiment lire, vivre et rêver.

 

Les Arènes, septembre 2015, 221 pages, prix : 17 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Vincent Mahé et éd. Les Arènes

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L'Ancre des Mots - Sablé-sur-Sarthe (72300)

14 Septembre 2015, 11:04am

Publié par Laure

L'Ancre des Mots - Sablé-sur-Sarthe (72300)

 

Un petit coup de pub, une fois n'est pas coutume, peut-être parce que pour une fois personne ne me l'a demandé !

 

Une librairie indépendante qui ouvre en 2015, dans une petite ville de 12 500 habitants, moi je dis chapeau-bas ! Il faut être sacrément courageux, passionné, ou inconscient. Ou tout cela à la fois. Alors bien sûr, on a envie que ça marche !

 

En sortant du travail samedi, je suis allée découvrir cette nouvelle librairie qui a ouvert il y a quelques jours à peine. Nicolas de Laek m'a gentiment fait visiter et expliqué ses choix.

 

J'habite et travaille à la campagne, à 28 km du Mans, et à 25 km de Sablé. Distance qui me sépare des premières librairies. Alors pour les achats professionnels, ce sont les libraires indépendants du Mans (puisqu'il n'y avait qu'eux jusqu'à présent, et que nous avons la chance d'avoir deux excellentes librairies spécialisées, l'une en jeunesse, l'autre en BD, et deux grandes librairies indépendantes très bien, plus une Fnac pourrie - parce que petite avec une offre pas terrible). Pour les achats perso en urgence, genre bouquin pour le collège, ben c'est internet (oui c'est mal mais je vais pas me farcir 60 km pour arriver à 3 secondes de la fermeture - pour les jours où je sors le plus tôt - et pour entendre que oui on peut vous le commander parce que là on l'a pas), et parce que j'achète aussi surtout d'occaz pour moi.

 

C'est sûr que la librairie sabolienne est plus petite que nos librairies mancelles, mais elle a son charme, et elle est bien fournie en nouveautés. (Je n'ai pas trop exploré la pochothèque, mais elle occupe une bonne place). L'espace est clair, lumineux, et le fonds va encore s'étoffer, notamment en jeunesse et BD où il est encore débutant. Un espace papeterie permet également de dépanner les lycéens et collégiens du coin.  

Et on peut bien sûr y commander tout ce qu'on veut, pour ceux qui passent au Centre ville tous les jours ou presque, plus aucune excuse. C'est avant tout une librairie de proximité, comme on aimerait tous en avoir à moins de 5 minutes !

 

Et j'ai aimé l'audace du libraire, sur les tables de présentation, de faire se cotoyer Fifty Shades et Richard Powers. Si le mélange m'a surprise au départ, il a le mérite d'attiser la curiosité et d'inviter à flâner davantage. Et en matière de conseils, Nicolas a des choix qui sortent des sentiers battus, rien pour cela, bravo !

(on y trouvera aussi par exemple les livres présentés dans la semaine à La Grande Librairie, si les chemins encore exempts de buzz effraient)

 

 

 

 

Le samedi 26 septembre, à partir de 14h30, la librairie accueillera Alexandre Seurat pour son premier roman, La maladroite, (Rouergue). hélas je travaille mais si vous êtes dans le coin, n'hésitez pas, le roman est excellent. Et il ne s'agit pas d'une rencontre débat mais plutôt d'une rencontre informelle, l'auteur sera présent jusqu'à 18h.

 

L'Ancre des Mots
13 rue Carnot
72300 Sablé sur Sarthe
 
09 81 74 20 47
 
(Du mardi au samedi : de 9h à 12h30 et de 14h à 19h)
 
 

Il n'est pas encore sur les réseaux sociaux mais ça ne saurait tarder.

 

 

 

L'article du Maine Libre : ici

 

 

L'Ancre des Mots - Sablé-sur-Sarthe (72300)
L'Ancre des Mots - Sablé-sur-Sarthe (72300)
L'Ancre des Mots - Sablé-sur-Sarthe (72300)
L'Ancre des Mots - Sablé-sur-Sarthe (72300)
L'Ancre des Mots - Sablé-sur-Sarthe (72300)
L'Ancre des Mots - Sablé-sur-Sarthe (72300)
L'Ancre des Mots - Sablé-sur-Sarthe (72300)

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Le Petit Chaperon rouge – Illustré par Joanna Concejo

13 Septembre 2015, 09:09am

Publié par Laure

Textes de Charles Perrault et de Jacob et Wilhelm Grimm ; traduits par Charles Deulin, éd. Dentu, 1879

 

Ce que j’apprécie énormément dans cette édition du Petit Chaperon rouge, outre le fait qu’on ait les textes originaux de Grimm et de Perrault dans une traduction classique (on a donc deux versions en un seul album), c’est bien évidemment le travail magnifique de l’illustratrice Joanna Concejo.

 

Impossible de ne pas être frappé d’emblée par la finesse et la précision du trait, la qualité du détail et le choix artistique du fil rouge que déroule le petit Chaperon rouge.

Je ne m’en lasse pas, c’est à ce jour je crois la plus belle version que je possède de ce conte, loin des mièvreries doucereuses et surtout très simplifiées de quelques autres éditions. En vertu de quoi un enfant ne serait-il pas apte à entendre un beau texte, et à apprécier un superbe travail graphique ?

 

La qualité du papier, de la couverture et le choix du format (30 cm) en font un bel objet qui met en valeur le travail de l’illustratrice.

Certes 22 euros c’est un peu cher (mais vous avez deux versions !) mais ça les vaut amplement au regard de la qualité !

 

Le site de l’éditeur : www.editionsnotari.ch

Et pour voir les pages intérieures de l’album : cliquez ici

 

 

Éditions Notari, février 2015, 64 pages, prix : 22 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Joanna Concejo et éd. Notari

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Highline - Charlotte Erlih

12 Septembre 2015, 10:33am

Publié par Laure

Ils sont deux garçons à avoir fait le pari, Mouss, et le narrateur dont on ne connaitra jamais le prénom. Le tirage à pile ou face avec une pièce de cinquante centimes déterminera qui traversera les cinquante mètres qui séparent les deux tours d’immeuble de 32 et 34 étages, à 100 mètres au dessus du sol, sur une slackline de 2,5 cm de large, sans baudrier, sans rien, la liberté, sans aucune sécurité.

 

Autant dire que le fil est tendu, celui du récit que le lecteur découvre quasi en apnée, d’une seule traite, c’est impossible autrement (c’est  bien d’ailleurs le propos de la collection d’une seule voix). Jamais les cinq minutes du parcours de ce funambule n’auront paru aussi longues, jamais l’équilibre, physique, émotionnel, n’aura été aussi important.

 

En filigrane bien sûr le lecteur cherche des raisons, l’enjeu d’un tel pari suicidaire, les motifs se dévoileront au fil du texte, car si la traversée est éprouvante (pour les nerfs du lecteur entre autres), elle a aussi un sens profond dans la vie du narrateur.

 

Si l’on peut regretter un manque de crédibilité surtout sur la fin de l’épreuve, peu importe, l’enjeu du texte n’est pas là, mais dans la décision intime prise par le jeune homme, qui motive la réussite de cette « highline ».

 

Un texte haletant, qui happe le lecteur jusqu’à la dernière ligne, traversé par une palette d’émotions où garder la tête froide est nécessaire pour maintenir l’équilibre. Un très beau texte.

 

 

Actes Sud junior, coll. D’une seule voix, janvier 2015, 91 pages, prix : 9 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : ©cmnaumann – Fotolia.com. et éd. Actes Sud junior

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Paradis amer - Tatamkhulu Afrika

10 Septembre 2015, 08:29am

Publié par Laure

Traduit de l'anglais par Georges-Michel SAROTTE

 

Ce roman autobiographique de Tatamkhulu Afrika raconte l’enfer des camps de prisonniers pendant la Seconde Guerre mondiale, mais aussi, les sentiments et émotions qui ont surgi  entre ces hommes et qui leur ont permis de tenir le coup.

 

Originaire d’Afrique du Sud, Tom Smith, le narrateur, est fait prisonnier en Afrique du Nord et sera conduit dans un camp, d’abord en Italie, puis en Allemagne, jusqu’à la Libération.

Bien des années après, alors qu’il est âgé et que ces événements sont loin derrière lui, il reçoit un colis et une lettre d’un soldat qu’il a connu jadis : ainsi démarre le roman et la narration de cette période aussi douloureuse que lumineuse, que peut évoquer l’oxymore du titre.

 

Car si les passages sur les maladies, les diarrhées, les poux, et toutes les situations dues au manque d’hygiène, à la promiscuité et à la torture sont difficiles, il y a dans ce roman quantité de scènes d’une beauté pure, des moments d’éclats lumineux qui en font oublier le cadre.

 

C’est un roman d’une grande sensibilité, qui aborde aussi de façon pudique et splendide le désir entre deux hommes, l’amitié, la fraternité, l’entraide, mais aussi l’amour et la sexualité.

 

Le triangle entre Douglas, l’infirmier prisonnier qui a aidé Tom dans les pires moments pendant les transferts, Danny, l’Anglais, l’ami avec qui la relation est troublante et Tom le narrateur montre bien combien le désir et l’attachement ne sont pas aisés à définir, ni uniformes pour tous.

 

Le texte est traversé de passages magnifiques, presque poétiques, et l’importance que prend le théâtre et ses représentations par les prisonniers en fait presque oublier l’horreur bien réelle de l’enfermement et du traitement des hommes dans le camp.

 

L’auteur a réussi par son récit à transcender l’effroi de la réalité, sans la faire disparaître,  et livre un roman aussi sensible qu’émouvant.

 

Un paradis amer, tout est là.

 

Extraits :

p.87 : "Je déplie ce qu’il m’a lancé. C’est un boxer, identique à celui qu’il porte et qui, à l’évidence, n’est plus à sa taille et tout aussi clairement à la mienne. Un sentiment de tendresse, d’une puissance que seule peut engendrer la tendresse, me secoue durant un bref instant dérobé à une époque paradisiaque."

 

p.241 : « C’est presque avec un sentiment de culpabilité que je tourne à nouveau le dos au paradis amer que nous abandonnons pour la deuxième fois, quelle que soit la dureté avec laquelle il nous a abrités, et que nous rejetons, comme la lascive Bessie a plaqué le garçon à l’air sombre près de moi. »

 

 

Presses de la cité, septembre 305 pages, prix : 21,50 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © éd. Presses de la Cité

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Ressources inhumaines – Frédéric Viguier

9 Septembre 2015, 09:33am

Publié par Laure

Elle (qui n’a ni nom ni prénom tout au long du roman) a 22 ans lorsqu’elle se fait embaucher comme stagiaire au rayon textile femme d’un hypermarché, où elle gravira très vite les échelons sans aucun scrupule, par des moyens peu avouables, pour devenir chef de secteur textile, poste qu’elle occupera pendant plus de vingt ans. Licenciements pour des broutilles, délation, manipulation, mensonges, promotion canapé, tout est bon pour rester à sa place et faire virer les autres. Le microcosme hypersurveillé de la grande surface, décrit de manière froide et détachée, est bien sombre et déprimant. Tous les personnages sont détestables, mais à l’image sans doute de cet univers qui broie de l’humain au rouleau compresseur.

Dans une seconde partie, « elle » va basculer à l’arrivée d’un nouvel employé… qui adopte vite le comportement qu’elle avait elle-même vingt plus tôt. Sa place est donc menacée…

 

Je ne partage pas l’engouement lu jusqu’ici pour ce roman, ou alors c’est que je ne l’ai pas compris, mais j’ai détesté ce personnage féminin faux et manipulateur, et passée le début de la deuxième partie je me suis honnêtement ennuyée. Si l’image de la poche vide à remplir, métaphorique jusqu’au bout, apporte une curiosité et une triste fin cynique, je n’ai pas ressenti d’émotion(s) à la lecture de ce roman, qui pour un premier roman, campe des personnages particuliers dans un univers sans foi ni loi, somme toute à l’image parfois de notre société, mais qui n’a pas réussi à me toucher.

 

 

Extrait :

p. 39 : Le soir même, elle était dans la voiture du chef du secteur textile.

Il lui a proposé son sexe comme s’il s’agissait de l’offre de la semaine et qu’il attendait son avis sur son potentiel. Elle l’a imaginé en tête de gondole, avec cette affiche : « Promotion en cours, il n’y en aura pas pour tout le monde ! » bien accrochée au-dessus. »

 

 

 

Une lecture du projet "68 premières fois"

 

 

 

 

 

 

Albin Michel, août 2015, 280 pages, prix : 19 €

Etoiles :

Crédit bandeau couverture : © Plainpicture / Cultura / Seb Oliver. et éd. Albin Michel.

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Changer d'air - Marion Guillot

5 Septembre 2015, 08:57am

Publié par Laure

Le jour de la rentrée scolaire, espadrilles aux pieds « et un goût de sable au coin de la bouche », Paul, prof de lettres, marié et père de deux enfants, part travailler. Témoin d’un incident dans la rade de Lorient – une femme tombe à l’eau, parvient à remonter, et poursuit sa route comme si de rien n’était – Paul ne peut poursuivre son chemin. Il n’ira jamais jusqu’au lycée. Commence alors pour lui une errance où il est comme absent à lui-même. Il plaque tout, maison, femme et enfants, pour emménager dans un petit appartement à Nantes. Appartement qui n’a pas encore d’évier, mais une baignoire sous un velux, à travers lequel il peut voir la cathédrale, ce qui le ravit.

 

Paul va retrouver son meilleur ami Rodolphe, sympathiser avec Simon, l’ouvrier qui vient pour les travaux, et accorder une importance démesurée à Henri, un poisson rouge qu’il a acheté peu après son emménagement. Plus on avance dans le texte, et plus on semble s'approcher de la déréalisation dont le personnage témoigne.

 

J’ai été plutôt décontenancée par ce roman, sans doute trop pris au premier degré, quel homme peut réellement se comporter ainsi pour un poisson rouge mort après sauté de son bocal, quel père de famille peut fuir sa vie du jour au lendemain sans jamais penser ni évoquer une seule fois ses enfants par la suite, … je suis restée étonnée, et suis sans doute passée à côté de quelque chose, car quand même, on est chez Minuit, l’auteur est diplômée de philosophie, alors à force d’enchainer (trop vite ?) les (premiers) romans, son essence m’échappe sans doute.

La fin m’a éclairée, mais l’ensemble me laisse tout de même perplexe, même si tout prend davantage sens.

 

Sans doute faut-il voir dans la chute initiale de la femme dans le port l’image de la vie de Paul et de la période qu’il va passer avant de pouvoir se relever.

Je pense que ce roman mériterait que je le relise pour mieux le saisir, avec un peu de recul, je l’ai peut-être lu trop vite, ou la lecture d’un PDF sur tablette n’a pas été propice au temps et à l’attention que le texte réclame en dehors de son apparente facilité de lecture.

 

 

Une lecture du Projet "68 premières fois"

 

 

 

 

 

 

Éditions de Minuit, septembre 2015, 172 pages, prix : 14 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © éd. de Minuit

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La Vénus aux kakis - Anna Druesne

4 Septembre 2015, 08:35am

Publié par Laure

Emma Berger, décoratrice d’intérieur temporairement sans emploi, se sent humiliée dans son couple par un compagnon qui la rabaisse en permanence en public, et la prend surtout pour la bonne à la maison. Lorsqu’elle découvre qu’il la trompe, ni une ni deux, elle va éprouver légèrement vêtue dans les rayons d’une librairie sa sensualité endormie… C’est là qu’elle croisera le beau et mystérieux Charles Mayer, qui ne tardera pas à l’embaucher pour les travaux de décoration de sa bastide en Provence. Mais son passé familial est chargé et tous deux s’attacheront à l’éclaircir.

 

Un roman que je n’aurais pas imaginé chez cet éditeur, tant il s’agit d’une romance sentimentale à l’érotisme léger, que j’aurais vu plutôt chez Harlequin, Milady romance, ou J’ai Lu pour elle. Mais à bien y réfléchir, Serge Safran a publié cette année un roman érotique autrement plus hardi avec le texte de Bertrand Leclair, La villa du Jouir, donc pourquoi pas.

Bref ce qui m’a déçue dans ce premier roman d’Anna Druesne, c’est le genre dans lequel il s’inscrit : un roman sentimental qui surfe sur la vague Fifty Shades, qui même s’il est bien écrit, se veut d’une banalité constante et prévisible : la pauvre petite va séduire le prince charmant qui a toutes les qualités, surtout celle d’avoir beaucoup d’argent. L’enquête sur le passé tortueux de Charles n’est pas à la hauteur de ce qu’on pourrait en attendre et ne sauve pas l’ensemble, servant davantage de prétexte à l’affaire sentimentale.

 

Les allusions voulues à Charles et Emma Bovary, à la Vénus à la fourrure de Leopold von Sacher-Masoch ne me semblent pas aller plus loin que des noms, ou alors je n’en ai pas perçu le sel.

 

Après une première moitié cousue de fil blanc, j’espérais un renversement, quelque chose qui étonne ou dérange, mais non, on restera dans la romance jusqu’au bout.

Pas ma tasse de thé donc, mais à conseiller pour le coup sans hésiter à ceux qui aiment ce genre-là ou qui veulent quelque chose « dans le même genre que 50 nuances », ceux-là devraient aimer, car de ce point de vue, le roman est parfaitement maîtrisé.

 

    

 

Une lecture qui s'inscrit dans le projet "68 premières fois".

 

 

 

 

 

Serge Safran éd., septembre 2015, 443 pages, prix : 23,90 €

Etoiles :

Crédit photo couverture : © Serge Safran éd.

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