Les jardins d'Hélène

rentree litteraire d'hiver (2019)

Un mariage sur écoute – John Jay Osborn

23 Avril 2019, 14:42pm

Publié par Laure

Traduit de l’américain par Marc Amfreville

 

Steve et Gretchen sont un couple ordinaire, parents de deux jeunes enfants, en pleine crise conjugale et d’adultère. Ils fréquentent une thérapeute conjugale, et c’est le huis-clos de ces séances dans son cabinet qui sont livrées au lecteur, dans un roman quasi entièrement dialogué entre les trois personnages. Le lecteur accède aussi aux pensées immédiates de la thérapeute Sandy, aux méthodes parfois surprenantes. Parviendront-ils à sauver leur mariage ?

 

Le lecteur est témoin de l’incompréhension et de la difficulté à communiquer au sein du couple. Le cheminement choisi par Sandy se révèle plutôt brillant, du moins il happe le lecteur au départ, et peut paraître plus ronronnant à d’autres moments.

On pensera inévitablement à la série « en analyse » (in treatment, diffusée au début des années 2010)

 

A lire uniquement si vous ne craignez pas de décortiquer jusqu’à la moelle le fonctionnement d’un couple. Plus subtil qu’il n’y paraît.

 

 

Ed. de l’Olivier, janvier 2019, 221 pages, prix : 20 €, ISBN : 978-2-8236-1403-9

 

 

 

Crédit photo couverture : © Cyril Magnier / cedric@scandella.fr / éd. de l’Olivier.

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Le matin est un tigre – Constance Joly

22 Avril 2019, 14:24pm

Publié par Laure

Alma est bouquiniste sur les quais de Seine. Mariée, elle a une fille adolescente, Billie, quatorze ans. Celle-ci est malade et s’enfonce de plus en plus, sans que les médecins ne trouvent ce qu’elle a, malgré des hospitalisations de plus en plus spécialisées. C’est en s’absentant à l’appel d’un client en Bretagne qu’Alma va trouver la force en elle de guérir sa fille. Quitte à passer pour folle, elle sait bien que c’est un chardon grandissant qui envahit les poumons de sa fille, et non une tumeur, elle a trouvé cette maladie rarissime dans un ouvrage de botanique du vieil homme qui l’accueille.

 

Ce premier roman de Constance Joly est magnifiquement écrit, dans un style très imagé et poétique. Trop peut-être, ce qui pourrait déstabiliser le lecteur amateur de réalisme. Ici, il faut accepter la descente au fond de soi-même, par le biais d’une histoire initiatique de libération de soi.

 

J’ai beaucoup aimé ce texte sans qu’il soit un coup de cœur : trop éthéré par moments, onirique. J’en admire les qualités sans adhérer totalement : j’aime trop le réalisme dans les romans intimistes….

 

A découvrir néanmoins, pour l’écriture, et l’acharnement de cette mère pour sauver sa fille.

 

 

p. 19 : « Un chardon. Une valise. Une fille malade. Alma est incapable de déchiffrer le rébus qu’est devenue sa vie. Alors, elle rêve de plus belle. Rêver rend les choses moins lourdes. Sans en avoir totalement conscience, elle s’est fabriqué un espace un peu moelleux entre elle et le monde. »

 

p. 48 : « Le matin est un tigre qui rampe doucement, en attendant de vous sauter à la gorge. »

 

 

 

Flammarion, janvier 2019, 153 pages, prix : 16 €, ISBN : 978-2-0814-4489-8

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Flammarion

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Grégoire et le vieux libraire – Marc Roger

10 Avril 2019, 09:15am

Publié par Laure

Je me suis fait avoir par le titre, le thème : l’amour du livre et de la lecture, le joli chat en couverture (aucun chat dans l’histoire, pure publicité mensongère attrape gogo de la lectrice cliché avec thé et chat laugh) et si j’ai beaucoup aimé le début, j’ai assez vite été déçue.

 

Monsieur Picquier (impossible de ne pas songer à l’éditeur) est un vieux libraire qui finit ses jours dans un EHPAD, entouré de trois mille de ses livres. Mais il n’est plus en capacité de lire. Il va donc convertir à la lecture à voix haute un jeune embauché dans les cuisines de la maison de retraite : Grégoire Gélin, dix-huit ans tout juste. Grégoire n’a pas eu son bac et n’a pas beaucoup fréquenté les livres.

 

La transmission du plaisir des mots, des textes et des auteurs va vite se faire. A un tel point qu’il n’en reste pas grand-chose de crédible d’ailleurs.

 

Si l’on s’amuse au début, de ce coup de frais et de cette passion que le libraire meurt de transmettre, on tique tout de même très vite sur un style curieux, problème de ponctuation ou choix de vocabulaire, les phrases m’ont paru souvent bancales. On n’échappe pas non plus à tous les poncifs sur les vieux et les maisons de retraite, oui les vieux ça a des problèmes de tuyauterie, ça pisse, ça chie et ça vomit sans plus rien contrôler (c’est vraiment dit comme cela, c’est une réalité certes) mais ajouté à cela les tirades sur la sexualité des pensionnaires entre eux et la libido de Grégoire avec la belle infirmière sénégalaise de dix ans son aînée, n’en jetez plus. Quant à la fin elle m’a carrément paru « too much » et si ce n’avait été dans le cadre d’un projet professionnel, j’aurais abandonné ma lecture en cours de route.

Grosse déception donc.

 

 

Albin Michel, janvier 2019, 233 pages, prix : 18€, ISBN : 978-2-226-43781-5

 

 

 

Crédit photo couverture : © Mehmet Kalkan / iStock / Getty images plus / et. Ed. Albin Michel

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A la ligne : feuillets d’usine – Joseph Ponthus

30 Mars 2019, 14:49pm

Publié par Laure

Qu’ajouter à ce tout ce qui a déjà été dit sur ce premier roman exceptionnel, dans le choix de son écriture, entre prose poétique et vers irréguliers, ce long souffle qui en dehors des citations ne contient pas de point, qui décrit la dureté du monde ouvrier, la précarité des postes d’intérimaires, le mépris de classe, au sein d’une conserverie de poissons ou d’un abattoir. Au rythme de la chaine, la beauté des mots surgit de la violence de l’usine.

 

Éducateur spécialisé en région parisienne, c’est par amour que le narrateur a rejoint la Bretagne et son amoureuse. Il n’a pas trouvé de poste correspondant à ses compétences, il fait de l’intérim en usine. La ligne de production, la ligne d’écriture : la littérature jadis engrangée lui permet de tenir le coup, et d’écrire ces feuillets si justes sur ce monde du travail éprouvant entre crevettes et carcasses, froid et poids, ce monde si peu considéré et si usant physiquement, et dont personne ne parle, ou si peu.

 

Citations musicales, littéraires, réflexions politiques, récit d’un quotidien où l’entraide a sa place : un très beau roman social.

 

 

P .12 : « Au fil des heures et des jours le besoin d’écrire

s’incruste tenace comme une arête dans la gorge

Non le glauque de l’usine

Mais sa paradoxale beauté. »

 

 

Ed. la Table ronde, janvier 2019, 266 pages, prix : 18 €, ISBN : 978-2-7103-8966-8

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. La table ronde

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Une femme en contre-jour – Gaëlle Josse

24 Mars 2019, 14:26pm

Publié par Laure

J’ai commencé ce nouveau titre de Gaëlle Josse sans savoir de quoi il parlait (je ne lis jamais les 4ème de couverture), mais parce que c’est une autrice que j’apprécie.

 

J’ai donc été surprise de voir qu’il s’agissait d’une biographie, celle de Vivian Maier (1926-2009), photographe exceptionnelle totalement effacée et inconnue jusqu’à sa mort. C’est par hasard que son travail sera mis au grand jour, un jeune homme achetant aux enchères un lot de photos et pellicules pour illustrer un projet. Il ne trouve pas son bonheur mais comprend assez vite grâce à Internet qu’il a mis la main sur quelque chose de rare et précieux. Il n’aura de cesse de réhabiliter le travail de Vivian Maier, qui vécut sa vie entière dans la discrétion et la pauvreté, gagnant sa vie en tant que nurse.

 

Hélas trois fois hélas, j’avais regardé par hasard un court documentaire sur Arte sur la vie de cette femme quelques jours auparavant, je n’ai donc rien appris à la lecture du livre de Gaëlle Josse. Je l’ai lu avec plaisir, mais sans m’y attacher vraiment.

 

Si j’attendais le parallèle avec la création littéraire de Gaëlle Josse elle-même, et le rapport à la création en général, ces pages arrivent très tardivement et sont très brèves.

 

 

Je conseille de découvrir Gaëlle Josse par ses romans en priorité, à moins que vous ne sachiez rien du tout de Vivian Maier et que lire une biographie vous intéresse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ed. Noir sur Blanc, coll. Notabilia, mars 2019, 153 pages, prix : 14 €, ISBN : 978-2-88250-568-2

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Noir sur Blanc

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A nous regarder, ils s’habitueront – Elsa Flageul

8 Mars 2019, 16:49pm

Publié par Laure

Encensé par les animatrices du club lecture auquel j’assiste, je me suis volontiers pliée à la lecture de ce dernier roman d’Elsa Flageul.

 

J’en ressors fort déçue. Si le roman s’attarde à décrire de manière juste et réaliste une naissance prématurée et la peur de la mort qui l’accompagne, je l’ai hélas trouvé d’une bien triste banalité. Je n’ai pas trouvé de profondeur romanesque mais plutôt le simple récit autobiographique d’un vécu personnel, certes bien conduit, mais qui ne suffit pas à le faire sortir de l’ordinaire.

 

Peut-être parce que j’ai trouvé ce couple pédant et prétentieux à bien des égards, une façon peut-être de masquer leur désarroi, mais qui m’a agacée dès le départ. Je n’ai donc pas ressenti d’empathie pour les personnages, et eu l’impression de lire un témoignage déjà mille fois lu ou vu sur le sujet de la prématurité.

 

 

 

Extraits :

P. 82 : « Mais à ce moment-là, le cœur d’Alice est tout petit et sec, circonscrit par la peur, par la douleur, incapable d’aller voir ailleurs s’il y est, incapable d’envisager le reste du monde. Elle s’en fout de cette femme, de son enfant, de son tournant, de ses tourments, elle se damnerait pour que César aille bien et tant pis si au passage on en perd quelques-uns en route. Que les autres se démerdent et que César survive, et que César s’en sorte. »

 

 

P. 128 : « En vérité, je voudrais qu’on nous foute la paix.

C’est impossible de penser ça, impossible de le ressentir mais c’est pourtant le cas. Je ne supporte plus les anecdotes qui se veulent rassurantes : untel est né prématuré, il a aujourd’hui dix-huit ans et entre à Sciences Po, unetelle ne pesait qu’un kilo à la naissance et c’est aujourd’hui une grande fillette de dix ans qui fait du handball. Je m’en fous. Ce n’est pas notre histoire. Ce n’est pas César. Ce n’est pas maintenant. Ce n’est pas moi. La vie n’est qu’une histoire de cas particuliers. Rien ne fait sens. Rien n’est juste. Rien ne se ressemble. Une vie, ça ne se mesure pas. Une vie, ça ne se compare pas. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Julliard, janvier 2019, 183 pages, prix : 18,50 €, ISBN : 978-2-260-03220-5

 

 

 

Crédit photo couverture : © Ayline Olukman / éd. Julliard.

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Vigile - Hyam Zaytoun

7 Mars 2019, 15:57pm

Publié par Laure

Ils se sont un peu disputés, des broutilles, ils ne peuvent plus continuer comme cela, ce qui peine la narratrice, c’est de se coucher ainsi. Dans la nuit, elle entend son compagnon émettre de drôles de bruits. Elle croit d’abord qu’il lui fait une mauvaise blague, il est en train de faire un infarctus massif.

Elle comprend l’urgence de la situation, appelle les secours en commençant le massage cardiaque tout en rassurant leurs enfants qui iront ouvrir la porte aux pompiers.

Trente longues minutes de réanimation avant qu’enfin les secours ne prennent le relais. Antoine sera immédiatement hospitalisé, dans le coma. Le pire est possible, au bout de quelques jours le corps médical laisse entendre qu’il y a peu d’espoir.

 

Écrit cinq ans après les faits, c’est le récit personnel de l’auteure, qui dit tout l’amour du couple, l’amour qu’elle porte à son conjoint, l’importance du soutien de l’entourage.

 

Rien de larmoyant, au contraire, un début très émouvant, un récit porté par une très belle écriture, auquel il manque toutefois un je ne sais quoi pour toucher à l’universel. Vigile souffre peut-être d’être une histoire trop personnelle, qui rappelle combien la vie est fragile et combien l’amour est source d’une force intérieure parfois insoupçonnée.

 

Un beau texte, parfois présenté comme un premier roman, identifié comme un récit sur sa page de titre, les avis divergent à ce sujet, peu importe, c’est une lecture aussi grave que stimulante, qui est avant tout une très belle histoire d’amour.

 

 

 

 

Le Tripode, janvier 2019, 124 pages, prix : 13 €, ISBN : 978-2-37055-185-6

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Le Tripode

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Belle-Amie – Harold Cobert

6 Mars 2019, 11:29am

Publié par Laure

Une suite à Bel-Ami de Maupassant ? Le pari était osé et Harold Cobert le réussit haut la main. Ce que j’apprécie particulièrement chez cet auteur, c’est sa capacité à changer totalement de registre d’un roman à l’autre, et de maitriser tous les genres qu’il aborde. (Cf. par exemple Un hiver avec Baudelaire, L’Entrevue de Saint-Cloud, La mésange et l’ogresse (non chroniqué mais adoré))

 

Je craignais un peu de me perdre, n’ayant pas relu Maupassant depuis mon adolescence, mais Harold Cobert consacre un long premier chapitre à resituer les personnages et le parcours de Georges Duroy, devenu Georges du Roy de Cantel.

 

Entre malversations politiques et financières, Bel-Ami trace sa route vers un siège de député puis de ministre, avant de sombrer dans l’affaire du canal du Nicaragua. A lire cette intrigue qui se déroule à la fin du XIXème siècle, on se surprend souvent à penser que les choses n’ont pas tant changé aujourd’hui.

 

Les personnages féminins (et la façon dont Georges traite les femmes) sont bien sûr centraux, et apportent un dynamisme évident, avec une pointe de mystère qui conduit à la fin en apothéose. L’arrogance du héros, sa détermination dans l’arrivisme sans foi ni loi, tout comme la psychologie des personnages en général sont bien décrits.

 

J’ai beaucoup aimé également la place du journalisme dans l’histoire, l’engagement des femmes pour défendre leur place, car n’étant pas une grande passionnée de politique et de finances, cet équilibre était le bienvenu.

 

A lire sans hésiter : si vous aimez Maupassant, vous aimerez sûrement Cobert !

 

 

 

Extrait p. 85 : « « Je suis né sur cette terre, elle est mienne, elle me revient de droit, à moi et à moi seul. Je la prendrai tel quel que soit le prix à payer ; je la prendrai comme j’ai toujours pris les femmes, de force s’il faut ! »

Et il descendit avec Suzanne inaugurer le lancement de sa campagne. »

 

p. 391 : « Que resterait-il de son parcours, de lui, si l’opprobre venait ternir tout ce qu’il avait accompli et construit ? Son immunité parlementaire était la clef de son salut et de sa postérité ; son maintien se jouerait à l’Assemblée, dans ce théâtre de tous les faux-semblants. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Escales, février 2019, 416 pages, prix : 19,90 €, ISBN : 978-2-36569-377-6

 

 

 

Crédit photo couverture : © Hokus Pokus Créations

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L’eau de rose – Christophe Carlier

17 Janvier 2019, 15:43pm

Publié par Laure

Sigrid, femme entre deux âges, arrive en Grèce à la fin de l’été, à la villa Manolis pour des vacances et y écrire son nouveau roman, car un écrivain ne prend jamais vraiment de repos.

 

Le roman alterne donc entre la romance en construction de Sigrid, et ce qu’elle vit elle-même à l’hôtel, son attirance et sa fascination pour Gertrude, notamment, une jeune et belle voyageuse.

 

Si la lecture est aisée et agréable, j’ai peiné à voir où l’auteur voulait réellement en venir.

 

Je préfèrerais presque le manuscrit en train de s’écrire, roman à l’eau de rose très codifié, au récit de l’héroïne romancière aux préoccupations assez proches de celles de ses personnages. L’écriture adoptée par Christophe Carlier est assez similaire tant dans sa partie romanesque (vie de Sigrid) que dans sa partie « manuscrit » (le roman qu’écrit Sigrid), est-ce à dire qu’un bon auteur choisit un style et s’y tient ? que la frontière entre vie et fiction est assez fragile (même si l’ensemble est bien une fiction) ? C’est bien ce projet ou cet objectif qui m’échappent… Dommage.

 

 

 

 

Extraits (pagination numérique) :

P. 10/207 : « Depuis plusieurs années, elle s’était vouée à la littérature sentimentale. Faute d’appartenir à la race dorée des auteurs à succès qui collectionnent les prix et campent à la télévision, elle se cantonnait à un genre mineur, le roman rose, décrié mais indispensable à notre époque où le rêve est rare. »

 

P. 33/207 : « Sigrid n’avait pas eu la vocation du roman rose. Elle s’en était rapprochée au fil des ans, à mesure qu’elle s’installait dans le célibat.

Si mariage et romance font mauvais ménage, la solitude prédispose à la rêverie et au travail. Couchée tôt, levée à l’aube, elle avait peuplé ses manuscrits de personnages fougueux et tendres. Sa vie lui apparaissait comme un fruit sec dont elle avait tiré un jus délicieux. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Du même auteur : l'assassin à la pomme verte

 

 

Phébus, janvier 2019, 240 pages, prix : 18 €, ISBN : 978-2-275291173-5

 

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Phébus

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La dédicace – Leila Bouherrafa

7 Janvier 2019, 12:18pm

Publié par Laure

Une parisienne hypocondriaque (la nuit seulement) et dont on ne connaîtra jamais le prénom s’apprête à publier son premier roman. Son éditrice lui demande de choisir la dédicace : elle est prise de cours. Elle se donne trois jours pour trouver qui elle aime suffisamment pour lui dédier son roman, trois jours pendant lesquels elle observe ce qui se passe autour d’elle. Il en ressort un certain désespoir : la solitude des grandes villes est omniprésente, envahissante et déprimante.

 

Du roman écrit et de son contenu il ne sera jamais question, le sujet n’est pas là, mais bien dans l’observation de ce quotidien banal d’une jeune femme seule, qui a peu de liens avec sa mère et pas vraiment d’amis. Même ses voisins, elle ne les connaît pas vraiment. De cette banalité naît une réflexion (que le lecteur se fera, elle n’est pas exprimée plus que cela) sur la solitude, le temps que l’on ne prend pas à regarder vraiment les gens et ce peu de temps qu’on pourrait leur offrir pour que la vie change.

 

Un premier roman assez désenchanté, avec quelques pointes d’humour et d’ironie, parfois de sarcasme, qui interroge sur la réalité de nos vies prétendument trop remplies. Une façon originale de traiter ce thème. L’épilogue livrera le choix de la fameuse dédicace.

 

 

 

Pour lire le premier chapitre : sur le site de l'éditeur

 

 

 

Extraits (pagination numérique) :

 

P. 25/185 « Mon studio se trouve juste au-dessus du square Léon-Serpollet ce qui veut dire que la journée il grouille d’enfants et le soir de clochards. Dans les deux cas, j’ai une vue imprenable sur des êtres qui titubent et n’ont pas choisi leur vie. »

 

P. 34/185 « Le genre d’hommes à te dire « ma belle » quand tu passes et « salope » quand tu penses. »

 

P. 75/185 : « La différence fondamentale entre Alice et moi, c’est que j’ai toujours trouvé plus de plaisir à me faire pénétrer par un regard que par un sexe. Et elle, c’est l’inverse. Chaque fois que nous sortions ensemble, Alice finissait par connaître des hommes la taille de leur membre et moi le prénom de leur sœur. Je n‘ai pas le plus mauvais rôle. Loin s’en faut. Je sors toujours de la nuit ragaillardie alors qu’Alice en sort la plupart du temps déconfite, comme un fruit qu’on aurait fait tomber par terre et sur lequel on aurait marché par inadvertance ».

 

p. 87/185 : « Je n’ai jamais compris cette différence entre les mères et les putes. A mes yeux, les mères ne sont que des putes qui ont eu une césarienne. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Allary éditions, janvier 2019, 290 pages, prix : 18,90 €, ISBN : 978-2-37073-263-7

 

 

 

Crédit photo couverture : © Allary éditions

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