Les jardins d'Hélène

Femme de ... - Cécile David-Weill

4 Août 2007, 13:57pm

Publié par Laure

femme-de.jpgElles sont trois femmes mariées et mères de famille. Enfin pour la maternité, pas toutes. Mais toutes sont « femmes de… », des faire-valoir pour leur époux, ou pire, de simples potiches, quand il s’agit d’accompagner en séminaire leur conjoint dans un grand hôtel de La Baule.

Un symposium qui ne sert à rien, sinon à faire croire à tous ces hommes au service d’une entreprise qui brasse un peu d’argent qu’ils sont importants. Il y a Nelly Shapiro, si belle que tous les hommes envient son mari, malgré son léger handicap à peine visible. Alors pourquoi s’enfuit-elle, plantant là son cadre de mari ? Il y a Sylvie, qui se croit belle et intelligente et qui au fond n’est que quelconque, mais que la rencontre avec un inconnu a troublée. Et pour finir, Diane, « femme de » qui a gardé son indépendance professionnelle, heureuse sans doute de ce bonheur familial apparent. Alors pourquoi son mari s’effondre-t-il ?

Un roman qui traite des faux-semblants du couple, de l’usure et des apparences – surtout professionnelles, des convenances sociales et des tentations adultères. Bref, du banal lisse et plat, sans originalité aucune. Si l’on perçoit bien les rancoeurs et les désirs inavoués, des réalités sarcastiques bien balancées, je m’attendais toutefois à mieux. D’une platitude sans grand intérêt.

 

Clarabel a mieux aimé : ici

  

Grasset, mai 2001, 186 pages, 15 €

Ma note : 3/5

Crédit photo couverture : éd. Grasset et Amazon.fr

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Numéro Six - Véronique Olmi

3 Août 2007, 15:18pm

Publié par Laure

numero-six.jpgFanny Delbast est la petite dernière d’une famille de 6 enfants. A sa naissance, son frère aîné a déjà 20 ans. Son arrivée est inattendue, mais on fait avec, dans cette famille catholique. Le père est médecin et ancien de la guerre de 14, la mère, plutôt absente.

Aujourd’hui, Fanny a 50 ans, et c’est elle qui prend soin de son vieux père qui en a 100. Ce petit livre est une déclaration d’amour en même temps qu’un cri de douleur à ce père qui ne s’est pas occupé d’elle, on lit Fanny jalouse de l’amour entre ses parents, Fanny qui relit les lettres du front envoyé par ce tout jeune homme à l’époque, les horreurs hélas bien réelles tout juste esquissées, Fanny qui à présent garde son père tout près et rien que pour elle, Fanny qui veut le protéger d’une famille trop nombreuse, 5 frères et sœurs qui ont eu à eux tous 20 enfants et à leur tour 58 petits-enfants, Fanny qui elle n’a qu’une fille, Agathe, sans même l’ombre d’un père.

Ce qui touche chez Véronique Olmi, c’est cette précision quasi lapidaire de l’écriture, ces phrases courtes et simples qui vous touchent au cœur. Certaines pages sont d’une telle beauté qu’on les relit avec l’envie de les garder précieusement. Une forte histoire d’amour filial qui sortira gagnante malgré les tourments et les rancoeurs.

 

Ces extraits :

p. 11 « Ma place, c’est la dernière. La dernière de la famille, la numéro six comme on me présente quelquefois. Je suis venue sur le tard. Maman se croyait délivrée de ses grossesses, sa ménopause s’annonçait. Mais je suis arrivée.

Patrice, l’aîné, avait vingt ans, il s’apprêtait à quitter la famille, Christophe, le cinquième en avait dix, je venais clore un cercle qui s’était déjà ouvert.

Toi, mon père, tu avais cinquante ans.

Mon âge aujourd’hui.

C’est un peu notre anniversaire…

 

On pensait que je naîtrais mongolienne, un bébé fabriqué avec un ovule fatigué, des chromosomes peu vaillants. Pas question d’avortement. On est catholiques pratiquants. Je n’ai pas d’illusion : la fausse couche a dû être souhaitée.

Je me suis accrochée. »

J’aime ce passage. Tout ce qu’il dit, et tout ce qu’il ne dit pas, ou à peine. La perfection en littérature, à mon goût.

 

p. 25 « Je me suis recouchée et pour conjurer ma peur j’ai insulté ma mère. Pour être forte. Pour résister. Je l’ai haïe avec ferveur. Je ne savais pas que j’avais cette puissance-là, que c’était possible de détester sa mère. J’ai appris. Par la suite j’ai continué.

 

Maintenant je sais aussi que l’on peut détester chaque être aimé. Par instants. Par douleur. »

 

Actes Sud, août 2002, 102 pages, prix : 11 €, existe en Babel Poche

Ma note : 4,5/5

Crédit photo couverture : éd. Actes Sud et Amazon.fr

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Too much - Ellen Potter

2 Août 2007, 15:44pm

Publié par Laure

Traduit de l’américain par Nathalie M.-C. Laverroux

 

Sélectionné pour le prix Tam-Tam Je bouquine (plus de 12 ans) qui sera décerné au Salon de Littérature Jeunesse de Montreuil en novembre 2007.

 

Clara Frankofile, 11 ans, est une enfant très orgueilleuse et franchement tête à claques (horripilante !) Elevée dans le luxe, elle participe à la vie du restaurant de ses parents, le too much, en choisissant chaque jour les personnes qui seront rétrogradées du statut de VIP à celui de Personne Sans Importance, lesquelles n’auront alors plus le droit de fréquenter le too much.

Autoritaire et capricieuse, plutôt méprisante envers autrui et indifférente aux remarques, elle se demande bien toutefois ce qu’a voulu dire le Docteur Piff quand elle l’a exclu : « Tu n’as pas remarqué quelque chose de très spécial et de très mystérieux qui se déroule juste sous ton nez ! » Elle va soudain se lier d’amitié avec une fillette de son âge cambrioleuse, et toutes deux vont résoudre un mystère étonnant.

J’ai du mal à savoir si j’aime ce roman ou pas ! (On est bien avancés !). Il a des qualités certaines pour en faire un bon roman d’aventures (même si elle commence réellement tardivement dans l’histoire), mais il flirte constamment avec le fantastique, c’est cela sans doute qui me rebute un peu. En effet la fillette a un appartement où chaque pièce est une luxueuse salle de jeu ou un vrai monde à lui seul : fête foraine, plage de sable fin avec mer et vagues, et l’histoire de la cuisinière Audrey remonte à près de 200 ans. Sans doute très sympathique si l’on aime plonger dans ces mondes imaginaires impossibles. Et puis l’ensemble se veut aussi une leçon sur le regard un peu trop expéditif que l’on peut porter sur les autres, sur le secret de famille ou le mensonge qui construit une réputation, et notre peste Clara semble apprendre l’humilité à ses dépens, ce qui n’est pas plus mal.

Bref, un roman jeunesse (dès 12 ans) plein de richesses mais qui me laisse un peu dubitative.

 

Les autres titres en lice pour le prix Tam-Tam Je Bouquine 2007 :

-         Le jardin de l’homme-léopard de Jean-François Chabas (Ecole des Loisirs) aussi sélectionné pour le prix des Lecteurs 13-16 ans de la Ville du Mans/Sarthe pour 2008

-         La fille Corneille, de Bodil Bredsdorff (Thierry Magnier)

-         Le Baume du dragon, de Silvana Gandolfi (éd. du Panama)

 

 

Seuil jeunesse, oct. 2006, 181 pages, prix : 10 €

Ma note : 3/5

Crédit photo couverture : éd. Du Seuil et Amazon. fr

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Le corps de Liane - Cypora Petitjean-Cerf

1 Août 2007, 08:06am

Publié par Laure

corps-de-liane.jpgJe n’avais pas aimé le premier roman de Cypora Petitjean-Cerf mais j’ai bien fait de persévérer car j’ai adoré ce deuxième titre. C’est à grand regret que je quitte ses personnages qui m’ont fait sourire et qui m’ont emportée avec eux, par leur simplicité, leur entrain malgré leurs malheurs et leur solidarité sans faille.

Liane est une enfant de 10 ans qui a des tics et des manies, des lubies curieuses et la peur obsessionnelle de vomir. Parce qu’elle se trouve des seins trop gros, elle va s’accrocher à une camarade encore mieux dotée qu’elle, et c’est ainsi que va naître une profonde amitié avec Roselyne. Dans ce roman s’entrecroisent principalement des femmes, les maris et pères ayant depuis bien longtemps disparu, sans que cela semble perturber qui que ce soit. Liane et sa mère Christine, dépressive qui sera secourue enfin par sa mère Huguette, Roselyne substitut maternel de sa petite sœur Crystal par la force des choses, Eva la femme de ménage et son insupportable fille Armelle, l’arrière-grand-mère Liliane abandonnée dans une maison de retraite, bref des lignées de femmes pour qui la vie n’a vraiment pas été drôle. Des éclopées de l’amour qui s’en sortent bien, par une amitié et un soutien aussi affectueux que détonnant. Quelques hommes gravitent autour : Jean-Luc, le fiancé pâtissier de Roselyne, et l’épicier arabe Hassan, qui héberge un temps son neveu algérien dont l’épouse a donné naissance à un bébé mort-né. Mention spéciale d’ailleurs à cet épicier Hassan qui découvre sur le tard l’émerveillement de la lecture, par le biais de son fils Achraf, au grand désespoir de son épouse Ghania. Une galerie de personnages qu’on apprend à aimer dans leurs débordements fantaisistes et chaleureux, et qu’on n’a aucunement envie de quitter (même si on les suit sur 8 années !).

Certains ont fait le parallèle avec Ensemble c’est tout, d’Anna Gavalda, on trouvera ici en plus un bonheur malicieux, des automédications de l’âme aussi surprenantes qu’efficaces, des petits délires savoureux…  Non vraiment, ce livre égayé d’un humour constant ne devrait jamais finir !

 

Elles l’ont lu : Clarabel, Cathulu ...


Stock, janv. 2007, 337 pages, prix : 19 €

Ma note : 4,5/5
Crédit photo couverture : éd. Stock et Amazon.fr

 

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